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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Chennevières, Henry de: Les donations et les acquisitions du Louvre depuis 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0064

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de conservateur des peintures, et son amour des grands Primitifs devait
influencer heureusement ses choix. D’ailleurs, de récents voyages en
Italie l’avaient renseigné sur les rares acquisitions possibles, car la terre
classique des arts ne contient pins guère aujourd’hui de chefs-d’œuvre en
liberté ; ou si certains collectionneurs, certains marchands proposent à
des étrangers l’achat d’un ouvrage d'importance, il devient malaisé de
lui faire franchir la frontière : la maréchaussée, la douane courent sus au
ravisseur, et, à moins de circonstances favorables ou d’habiles manèges,
vous risquez de manquer votre enlèvement. L’Italie, peu confiante dans ses
maîtres de l’avenir, veut sans doute se ménager pour ses vieux jours les
maîtres du passé : aussi le gouvernement entrave-t-il de son mieux et
interdit-il même la sortie de toute peinture ancienne hors du royaume.
Il a donc fallu les détours d’une diplomatie raffinée pour entrer en posses-
sion des trois fresques de Fra Beato et de Botticelli1. Un panneau de Dome-
nico Ghirlandajo, peint avec un sentiment de nature très étrange complétait
cette double acquisition de M. de Tauzia. La Crucifixion de Fra Angelico
et le Portrait du Ghirlandajo étaient payés A9,000 francs à M. Bardini,
marchand de Florence ; les deux fresques allégoriques du Botticelli pro-
venaient de l’ancienne villa des Tornabuoni et elles étaient achetées
A6,517 francs au propriétaire actuel de ce palais, le chevalier Petronio
Lemmi. Cependant M. de Tauzia ne négligeait pas les maîtres des autres
écoles et, le 1 h mai 1881, il rapportait de Londres un superbe Thomas
Lawrence, le Portrait de lorcl Whitwortli. Ce lord Whitworth était ambas-
sadeur d’Angleterre à Paris en 1802; il avait, entre autres mérites, l’avan-
tage d’une belle taille, d’une belle mine. En diplomatie, la correction du
prohl ou l’allure noble du personnage ne sont pas choses méprisables, et
tel a vaincu par ces seules armes, sans avoir jamais usé de ressources
plus intelligentes. Lord Whitworth avait donc une tête à peindre, une
vraie tête à la Lawrence : aussi le portraitiste anglais s’abandonna-t-il à
tout l’humour énergique de sa palette si forte. Une estampe de Charles
Turner vulgarisa Lord Whitworth pour les paisibles sujets de Sa Majesté
britannique, mais cette gravure en manière noire interprète trop libre-
ment l’original, et les Lawrence ne se paraphrasent point sans danger.
Ce portrait fut acquis 9,360 francs à la vente de M.. Baie, de Londres. Vers
le même temps, M. de Tauzia achetait A7,500 francs un tableau de Jean
Steen, la Mauvaise compagnie. Un cavalier venu à la ville s’est attardé
chez les ribaudes, il a bu frais, mangé salé. Bouteilles cassées et vin

1. Relire au sujet de ces fresques les articles si compétents de M. Ch. Epbrussi.
(Gazette de février 1881 et de mai 1882).
 
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