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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
et il est possible qu’ils y aient été introduits par voie d’importation.
Le musée de Cluny possède une collection magnifique de faïences
hispano-arabes et de celles supposées sicilo-arabes.
Les musées d’Europe renferment beaucoup de poteries imitées de
celles des Arabes d’Espagne. L’imitation se reconnaît aisément aux
fragments d’inscriptions mélangés aux ornements. Les potiers étrangers,
prenant ces inscriptions pour de simples motifs d’ornementation, tâchaient
de les copier.
On trouve encore en Arabie et dans les principales villes du Levant
des porcelaines chinoises recouvertes d’inscriptions arabes généralement
dorées sur fond bleu ou sur fond blanc. Elles ont été fabriquées sans
doute par des ouvriers musulmans établis en Chine et qui ne devaient
pas être rares sur la population de 20 millions de disciples du prophète
que renferme le Céleste Empire.
Etoffes, tapis et tentures. -— Les étoffes et tapis de l’époque bril-
lante de la civilisation arabe ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Les plus
anciens^ et encore sont-ils extrêmement rares, ne remontent pas au delà
du xilc siècle, bous savons par les chroniques que les tapis, velours,
soieries, fabriqués dans les ateliers de Kalmoun, Bahnessa, Damas, etc.
étaient recouverts de personnages et d’animaux. On trouvera, dans notre
ouvrage, des dessins d’anciennes étoffes arabes ou copiées sur d’anciens
modèles de même provenance. 11 y a fort longtemps que la fabrication de
celles figurant des personnages a cessé dans tout l’Orient.
11 nous resterait à étudier maintenant l’architecture des Arabes, et à
terminer ainsi notre examen de ces œuvres merveilleuses créées par les
disciples du prophète. Mais, limités ici par le cadre d’une Bevue, nous
ne saurions reproduire notre long travail et nous nous bornerons à en
extraire un court aperçu.
Architecture. — L’archéologie moderne s’est peu occupée des mo-
numents laissés par les Arabes. Beaucoup d’entre eux sont situés bien
loin, et leur étude n’est pas toujours facile. En dehors de trois ou quatre
monographies importantes, consacrées presque exclusivement à l’Alham-
bra et aux mosquées du Caire et de Jérusalem, les livres sont à peu près
muets sur eux. Bâtissier, auteur de l’une des meilleures histoires de l’ar-
tecture que nous possédions, écrit, dans la dernière édition de son His-
toire de Vart monumental, portant la date de 1880, « que l’histoire de l’ar-
chitecture musulmane est en grande partie à faire », et il regrette d’avoir
eu à traiter ce sujet d’une façon si incomplète. Ce savant autour commet
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
et il est possible qu’ils y aient été introduits par voie d’importation.
Le musée de Cluny possède une collection magnifique de faïences
hispano-arabes et de celles supposées sicilo-arabes.
Les musées d’Europe renferment beaucoup de poteries imitées de
celles des Arabes d’Espagne. L’imitation se reconnaît aisément aux
fragments d’inscriptions mélangés aux ornements. Les potiers étrangers,
prenant ces inscriptions pour de simples motifs d’ornementation, tâchaient
de les copier.
On trouve encore en Arabie et dans les principales villes du Levant
des porcelaines chinoises recouvertes d’inscriptions arabes généralement
dorées sur fond bleu ou sur fond blanc. Elles ont été fabriquées sans
doute par des ouvriers musulmans établis en Chine et qui ne devaient
pas être rares sur la population de 20 millions de disciples du prophète
que renferme le Céleste Empire.
Etoffes, tapis et tentures. -— Les étoffes et tapis de l’époque bril-
lante de la civilisation arabe ne sont pas parvenus jusqu’à nous. Les plus
anciens^ et encore sont-ils extrêmement rares, ne remontent pas au delà
du xilc siècle, bous savons par les chroniques que les tapis, velours,
soieries, fabriqués dans les ateliers de Kalmoun, Bahnessa, Damas, etc.
étaient recouverts de personnages et d’animaux. On trouvera, dans notre
ouvrage, des dessins d’anciennes étoffes arabes ou copiées sur d’anciens
modèles de même provenance. 11 y a fort longtemps que la fabrication de
celles figurant des personnages a cessé dans tout l’Orient.
11 nous resterait à étudier maintenant l’architecture des Arabes, et à
terminer ainsi notre examen de ces œuvres merveilleuses créées par les
disciples du prophète. Mais, limités ici par le cadre d’une Bevue, nous
ne saurions reproduire notre long travail et nous nous bornerons à en
extraire un court aperçu.
Architecture. — L’archéologie moderne s’est peu occupée des mo-
numents laissés par les Arabes. Beaucoup d’entre eux sont situés bien
loin, et leur étude n’est pas toujours facile. En dehors de trois ou quatre
monographies importantes, consacrées presque exclusivement à l’Alham-
bra et aux mosquées du Caire et de Jérusalem, les livres sont à peu près
muets sur eux. Bâtissier, auteur de l’une des meilleures histoires de l’ar-
tecture que nous possédions, écrit, dans la dernière édition de son His-
toire de Vart monumental, portant la date de 1880, « que l’histoire de l’ar-
chitecture musulmane est en grande partie à faire », et il regrette d’avoir
eu à traiter ce sujet d’une façon si incomplète. Ce savant autour commet