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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Mély, Fernand de: Les origines de la céramique italienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0123

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HZi

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

d’une haine que rien ne peut arrêter; et quand Gênes, toute-puissante,
à la fin du xe siècle, s’en va porter sur les rives de la mer Noire la civi-
lisation européenne, Pise, toujours jalouse , la suit jusque-là. Gênes
s’établit en Crimée, sur les bords du Phase, dans le sud du Caucase ; les
ruines imposantes de ses forteresses s’élèvent encore pour attester sa
force, et le monastère de Tchakuidji, au Caucase, garde encore sur sa
porte l’écusson génois, la marque de ses fondateurs. Les Pisans se ren-
contrent avec leurs ennemis sur cette terre lointaine ; ils viennent
à leur tour occuper un monastère voisin, Pisunda, véritable forteresse
comme tous les couvents de l’Orient, et les familles Cheilia et Bendeliani,
encore établies dans le pays, nous laissent une trace vivante de leur pas-
sage au Caucase. Là encore, les Génois ont l’avantage : les Pisans durent
regagner la mère patrie, et c’est peu de temps après qu’apparaît en Italie,
à Pise, une des premières décorations céramiques architecturales, celle
de Santa-Cecilia, et son fragment de céramique persane.

En 1876, j’étais au Caucase, et j’admirais avec étonnement, chez le
marquis de Montclars, alors consul de France à Tiflis, un remarquable
pavé persan, acquis à grands frais par lui à Trébizonde. 11 m’en parlait
comme d’une rareté, et de fait, c’était la première pièce de cette
espèce que je rencontrais. Il ne ressemblait pas aux carreaux à reflets et
à reliefs de Damas; les couleurs harmonieuses se mêlaient agréablement,
les fleurs n’avaient rien de la raideur persane, elles offraient une ana-
logie frappante avec celles des plus beaux morceaux italiens. 11 provenait
certainement d’un lambris monumental; mais, acheté au bazar, il avait
été impossible d’en savoir l’origine et de lui donner une date, bien qu’il
parût des plus anciens. J’étais désolé de ne pouvoir acquérir un spécimen
aussi intéressant, et je partis pour Érivan, la vieille ville persane, témoin
de tant de luttes entre les Arméniens et les Musulmans. Au milieu d’un
dédale inextricable de petites rues bordées de ruines, j’arrivai à l’antique
mosquée, une des plus anciennes de la secte des Chijites. Malgré ses
pans de murs écroulés, son dôme tombant de vétusté, ses abords dé-
vastés, elle conserve un air d’imposante grandeur, et c’est sur ses mu-
railles ouvertes de trois immenses baies que s’étalaient les lambris de
faïence merveilleuse dont je venais de voir un échantillon à Tiflis. D’im-
menses vases de fleurs de six mètres de hauteur, de deux de large, sur
un fond jaune d’or, étalent les teintes des pivoines, des tulipes et des
narcisses; un léger cadre persan, un moukow, les arrête d’une ligne
noire rougeâtre et cl’une autre blanche, et jusqu’à la bordure qui les ter-
mine; les angles d’un bleu profond, aux teintes atténuées, font encore
ressortir l’éclat du médaillon central. Une longue frise, composée de cen-
 
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