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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 2
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Courajod, Louis: Le buste de Pierre Mignard: du musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0174

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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certains soins. Après avoir enlevé le plus de marbre possible en réservant
une sorte de tige au milieu, après avoir amené le marbre au degré d’épais-
seur rigoureusement nécessaire, on Ta poncé, poli et bruni' avec con-
science, presque à l’égal de la face. 11 en est de même du buste de Mi-
gnard. De ce côté, naturellement inaperçu, la sculpture présente les
mêmes apparences que le buste de Colbert. Pour qui regarde attentive-
ment, il est certain qu’un même praticien, obéissant à une habitude bien
arrêtée d’école, a exécuté dans chacun des deux bustes cette partie
secondaire du travail. C’est là comme une marque de fabrique dissimu-
lée, qui, tout invisible qu’elle soit ordinairement, n’en est pas moins
facilement reconnaissable quand on la cherche. C’est plus qu’il n’en faut
pour confirmer un fait logiquement évident et ratifier le résultat d’un
calcul appuyé sur des documents officiels. Le buste de Mignard du Louvre
est l’œuvre de Martin Desjardins.

C’est le moment de nous expliquer sur les causes de cette longue et
persistante confusion entre les deux bustes, et il faut bien reconnaître
que cette confusion était toute naturelle. Les deux sculptures ne sont que
la reproduction, avec de très légères modifications, d’un seul et même
modèle original. On en jugera facilement à l’aide des dessins très pré-
cis de mon excellent collaborateur, M. Ludovic Letrône. La chevelure,
la disposition du costume sont identiques, à quelques variantes près.
Seule la position de la tête est changée ; presque de profil dans l’un des
portraits, elle se présente de trois quarts dans l’autre. En résumé, voici
l’impression générale qui résulte de la confrontation. La vive et impé-
tueuse image du Louvre est reproduite avec quelque froideur dans le
marbre de Saint-Pioch. Le port hautain de la tête est adouci ; les plis du
vêtement sont assagis et mieux équilibrés. L’ensemble est plus calme,
plus monumental et moins vivant. On ne peut donc pas douter que le
marbre du Louvre ne soit l’œuvre originale, le travail même et direct de
Desjardins. Quant à celui de Saint-Roch, l’attribution que Caylus en a
faite à Girardon est très vraisemblable et doit être provisoirement accep-
tée. L’exécution, en effet, concorde suffisamment avec ce que l’on sait
de la manière de ce sculpteur.

Le buste de Mignard, au Louvre, est peut-être le plus beau de tous
ceux de la salle de Goyzevox, et assurément c’est celui dont l’exécution
est la plus soignée. La physionomie du peintre y est d’une admirable
mobilité et d’une finesse incroyable. Impossible de mieux rendre le ca -
ractère insolent et provoquant du regard et de l’attitude du modèle.
Tous les détails du costume sont traités avec la plus grande exactitude,
sans nuire en rien à l’expression générale. Cependant ce ne sont pas là
 
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