GAZETTE DES BEA EX-ARTS.
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tion par Je menu, mais nous devons parler de l’importante reproduction
instantanée des allures du cheval, même les plus accélérées, par le pro-
cédé photographique d’un Américain, M. Muybridge, qui a disposé ingé-
nieusement un certain nombre d’appareils, de façon à donner l’analyse
graphique des mouvements qui échappent à la vue par leur rapide suc-
cession. Le consciencieux opérateur a braqué en ligne, sur une piste, un
certain nombre d’objectifs voisins l’un de l’autre; ceux-ci, actionnés par
l’animal lui-même, se démasquent et se referment successivement dans
un intervalle très court.
L’arrivée en France, en 1879, de ces photographies, dont l’instan-
tanéité était un progrès à cette époque, produisit une grande sensation
dans le monde artistique et, nous devons dire aussi, un étonnement peu
sympathique de la part des animaliers, cherchant en vain, dans ces poses
disgracieusement vraies, une image ayant quelque rapport avec la rou-
tine consacrée pour formuler la vie active chez les animaux. 11 ne fallut
rien moins que la preuve absolue de la vérité de cette combinaison d’at-
titudes, paraissant si heurtées de détails, pour convaincre de leur réalité
absolue. Elle fut démontrée par leur mobilisation naturelle dans le zoo-
trope1.
L’œil de l’artiste est attentif parce que chez lui il y a un grand travail
de comparaison ; sa mémoire lui vient ensuite en aide pour résumer et
tirer le meilleur usage des sensations produites par les objets, encore
faut-il que ces objets permettent à l’organe visuel d’en saisir la forme.
Un cheval, au galop, a des contours que la vitesse imprimée à son
ensemble maintient dans une perpétuelle indécision, puisqu’il y a con-
stamment changement sur la rétine de l’observateur par superposition
de nouvelles images, et nous savons que, pour se faire une idée de la
couleur, de la forme et du mouvement des objets visés par notre œil,
l’action physiologique ne se produit qu’après une pose qu’on évalue
à t0 de seconde; elle persiste intérieurement le même temps.
Le principe du zootrope est basé sur la persistance de ces impres-
sions lumineuses, qui fait qu’un point brillant, si on l’agite vivement,
donne à volonté la sensation d’un cercle ou d’une ligne droite. La fusée,
dont le sommet seul est en ignition, n’offre-t-elle pas une traînée lumi-
neuse pendant tout le trajet qui paraît la joindre à la terre? Le mouve-
ment rectiligne de la goutte de pluie, le zigzag de la foudre, sont des
preuves de la durée de l’image assez de temps après que la cause a cessé
de se produire.
1. Zootrope des allures (L’Illustration, 13, rue Saint-Georges).
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tion par Je menu, mais nous devons parler de l’importante reproduction
instantanée des allures du cheval, même les plus accélérées, par le pro-
cédé photographique d’un Américain, M. Muybridge, qui a disposé ingé-
nieusement un certain nombre d’appareils, de façon à donner l’analyse
graphique des mouvements qui échappent à la vue par leur rapide suc-
cession. Le consciencieux opérateur a braqué en ligne, sur une piste, un
certain nombre d’objectifs voisins l’un de l’autre; ceux-ci, actionnés par
l’animal lui-même, se démasquent et se referment successivement dans
un intervalle très court.
L’arrivée en France, en 1879, de ces photographies, dont l’instan-
tanéité était un progrès à cette époque, produisit une grande sensation
dans le monde artistique et, nous devons dire aussi, un étonnement peu
sympathique de la part des animaliers, cherchant en vain, dans ces poses
disgracieusement vraies, une image ayant quelque rapport avec la rou-
tine consacrée pour formuler la vie active chez les animaux. 11 ne fallut
rien moins que la preuve absolue de la vérité de cette combinaison d’at-
titudes, paraissant si heurtées de détails, pour convaincre de leur réalité
absolue. Elle fut démontrée par leur mobilisation naturelle dans le zoo-
trope1.
L’œil de l’artiste est attentif parce que chez lui il y a un grand travail
de comparaison ; sa mémoire lui vient ensuite en aide pour résumer et
tirer le meilleur usage des sensations produites par les objets, encore
faut-il que ces objets permettent à l’organe visuel d’en saisir la forme.
Un cheval, au galop, a des contours que la vitesse imprimée à son
ensemble maintient dans une perpétuelle indécision, puisqu’il y a con-
stamment changement sur la rétine de l’observateur par superposition
de nouvelles images, et nous savons que, pour se faire une idée de la
couleur, de la forme et du mouvement des objets visés par notre œil,
l’action physiologique ne se produit qu’après une pose qu’on évalue
à t0 de seconde; elle persiste intérieurement le même temps.
Le principe du zootrope est basé sur la persistance de ces impres-
sions lumineuses, qui fait qu’un point brillant, si on l’agite vivement,
donne à volonté la sensation d’un cercle ou d’une ligne droite. La fusée,
dont le sommet seul est en ignition, n’offre-t-elle pas une traînée lumi-
neuse pendant tout le trajet qui paraît la joindre à la terre? Le mouve-
ment rectiligne de la goutte de pluie, le zigzag de la foudre, sont des
preuves de la durée de l’image assez de temps après que la cause a cessé
de se produire.
1. Zootrope des allures (L’Illustration, 13, rue Saint-Georges).