LES BOUDIN ET LES BOURDIN
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sommairement il est vrai, les saints du portail. On peut remarquer
dans les ligures du bas, qui étaient à coup sûr de Bourdin, que la
dalmatique avec les glands sur l’épaule, la tunique aux petits plis
serrés par dessous, l’allure générale enfin, bien qu’elles soient
debout, les rapprochent d’une façon frappante de celles qui sont con-
servées.
Evidemment, ce sont là des œuvres peu attendues chez le réa-
liste qu’était Michel Bourdin; mais, sans vouloir l’affirmer, nous
croyons qu’il y a bien des chances pour que ces statues soient effec-
tivement de lui. Si l’on trouvait un seul mot dans les auteurs qui
fît allusion à la matière dont elles sont faites, la chose serait hors de
doute. Malheureusement, il n’y a que du Breul1 qui, sans parler des
statues, indique un «tabernacle de menuiserie dorée». Nos statues
en faisaient-elles partie? c’est probable. Il serait bien intéressant de
saisir avec certitude notre artiste dans cette œuvre presque de mé-
tier, dorée, polychrome, taillée dans une matière vulgaire et que
les artistes de l’Académie allaient bientôt dédaigner, d’autant que
tous ces caractères ne contrediraient pas trop à l’idée que nous pou-
vons nous faire du bon artisan qu’était Michel Bourdin.
V
TOMBEAU DE JEAN BARDEAU, A NOGENT-LES-VIERGES
On voit dans l’église de Nogent-les-Vierges, près de Creil, le
tombeau de Jean Bardeau, secrétaire du roi et trésorier général des
finances, mort le 3 février 1632. « Ses amis, nous dit l’épitaphe, lui
ont fait construire ce monument exécutant son testament. » Le monu-
ment est donc postérieur à 1632. Sur la base de la statue à genoux,
on lit cette inscription en larges caractères : michel bourdin fecit.
Le tombeau subsiste, — et cela est rare, — dans toute son intégrité. La
statue est placée sur un sarcophage de marbre noir, à l’entrée d’une
grande voûte en plein cintre. De chaque côté sont deux tables de mar-
bre noir; sur l’une se lit l’épitaphe, sur l’autre une inscription rela-
tant des fondations pieuses. Nous retrouvons encore là une décoration
analogue à celle de la chapelle d’Orléans.
Le personnage est à genoux sur un coussin, devant un prie-
Dieu. Le monument n’a jamais dû être déplacé; il n’alla pas chez
1. Jacques du Breul, Théâtre des antiquités de Paris, supplément 1610-1639,
p. 59.
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sommairement il est vrai, les saints du portail. On peut remarquer
dans les ligures du bas, qui étaient à coup sûr de Bourdin, que la
dalmatique avec les glands sur l’épaule, la tunique aux petits plis
serrés par dessous, l’allure générale enfin, bien qu’elles soient
debout, les rapprochent d’une façon frappante de celles qui sont con-
servées.
Evidemment, ce sont là des œuvres peu attendues chez le réa-
liste qu’était Michel Bourdin; mais, sans vouloir l’affirmer, nous
croyons qu’il y a bien des chances pour que ces statues soient effec-
tivement de lui. Si l’on trouvait un seul mot dans les auteurs qui
fît allusion à la matière dont elles sont faites, la chose serait hors de
doute. Malheureusement, il n’y a que du Breul1 qui, sans parler des
statues, indique un «tabernacle de menuiserie dorée». Nos statues
en faisaient-elles partie? c’est probable. Il serait bien intéressant de
saisir avec certitude notre artiste dans cette œuvre presque de mé-
tier, dorée, polychrome, taillée dans une matière vulgaire et que
les artistes de l’Académie allaient bientôt dédaigner, d’autant que
tous ces caractères ne contrediraient pas trop à l’idée que nous pou-
vons nous faire du bon artisan qu’était Michel Bourdin.
V
TOMBEAU DE JEAN BARDEAU, A NOGENT-LES-VIERGES
On voit dans l’église de Nogent-les-Vierges, près de Creil, le
tombeau de Jean Bardeau, secrétaire du roi et trésorier général des
finances, mort le 3 février 1632. « Ses amis, nous dit l’épitaphe, lui
ont fait construire ce monument exécutant son testament. » Le monu-
ment est donc postérieur à 1632. Sur la base de la statue à genoux,
on lit cette inscription en larges caractères : michel bourdin fecit.
Le tombeau subsiste, — et cela est rare, — dans toute son intégrité. La
statue est placée sur un sarcophage de marbre noir, à l’entrée d’une
grande voûte en plein cintre. De chaque côté sont deux tables de mar-
bre noir; sur l’une se lit l’épitaphe, sur l’autre une inscription rela-
tant des fondations pieuses. Nous retrouvons encore là une décoration
analogue à celle de la chapelle d’Orléans.
Le personnage est à genoux sur un coussin, devant un prie-
Dieu. Le monument n’a jamais dû être déplacé; il n’alla pas chez
1. Jacques du Breul, Théâtre des antiquités de Paris, supplément 1610-1639,
p. 59.