LE PORTRAIT DE MADAME DE KRÜDNER
ET DE SA FILLE
PAR A A'G ELI CA KAUFFMANN
Le xviii® siècle, dont le règne de la femme fit tonte la grâce,
eut, comme chacun le sait, trois peintresses principales, Rosalba
Carriera, Angelica Kauffmann et Mme Vigée-Lebrun. Elles se trans-
mirent, à distance d’années et de pays, le beau sens du portrait, la
Vénitienne avec la franchise vivante de son pastel, l’Allemande avec
l’adorable mélancolie souriante de ses expressions, et, de cet héri-
tage, la Française sembla combiner un mode personnel, pénétré de
la note plus moderne du caractère. Toutefois, Angelica Kauffmann,
d’une famille de peintres et s’initiant, dès l’enfance, aux fresques et
ouvrages paternels, ne se contenta pas de traiter le portrait en simple
exécutante, elle le composait. Tour à tour peintre d’histoire.à sa
manière, et portraitiste en vogue,, elle se préoccupait de l’ordon-
nance et du fond approprié aux personnages posant devant sa toile,
comme de l’ordonnance et du choix dans ses compositions de style.
Aussi l’un des meilleurs charmes de ses portraits réside-t-il dans
l’ambiance pittoresque où elle les encadre. Fille d’un artiste nomade,
originaire du Vorarlberg, Angelica naquit à Coire, chef-lieu des
Grisons, en 1741. Sa première jeunesse en Suisse, dans la Valteline,
à Côme, puis à Milan, aux côtés de son père, occupé tantôt à décorer
de pauvres églises, tantôt à s’essayer au portrait, lui fut un précieux
XVII. — 38 PÉRIODE.
38
ET DE SA FILLE
PAR A A'G ELI CA KAUFFMANN
Le xviii® siècle, dont le règne de la femme fit tonte la grâce,
eut, comme chacun le sait, trois peintresses principales, Rosalba
Carriera, Angelica Kauffmann et Mme Vigée-Lebrun. Elles se trans-
mirent, à distance d’années et de pays, le beau sens du portrait, la
Vénitienne avec la franchise vivante de son pastel, l’Allemande avec
l’adorable mélancolie souriante de ses expressions, et, de cet héri-
tage, la Française sembla combiner un mode personnel, pénétré de
la note plus moderne du caractère. Toutefois, Angelica Kauffmann,
d’une famille de peintres et s’initiant, dès l’enfance, aux fresques et
ouvrages paternels, ne se contenta pas de traiter le portrait en simple
exécutante, elle le composait. Tour à tour peintre d’histoire.à sa
manière, et portraitiste en vogue,, elle se préoccupait de l’ordon-
nance et du fond approprié aux personnages posant devant sa toile,
comme de l’ordonnance et du choix dans ses compositions de style.
Aussi l’un des meilleurs charmes de ses portraits réside-t-il dans
l’ambiance pittoresque où elle les encadre. Fille d’un artiste nomade,
originaire du Vorarlberg, Angelica naquit à Coire, chef-lieu des
Grisons, en 1741. Sa première jeunesse en Suisse, dans la Valteline,
à Côme, puis à Milan, aux côtés de son père, occupé tantôt à décorer
de pauvres églises, tantôt à s’essayer au portrait, lui fut un précieux
XVII. — 38 PÉRIODE.
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