Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 17.1897)

MISTRA

DEUXIÈME ARTICLE1 '

La peinture, qui forme la décoration principale des églises de
Mistra et des églises de l’Athos, n’a été d’un usage fréquent en Grèce
que dans la dernière période de l’art byzantin, lorsque la mosaïque
de verre fut définitivement remplacée par une décoration moins
dispendieuse et d’exécution plus facile.

C’est par la couleur plus que par le relief que s’accuse le décor
dans l’art oriental : la lumière, qui harmonise les colorations les plus
vives, n’exige pas sous le ciel d’Orient des saillies trop accentuées,
et les oppositions naissent du contraste des tons mieux que de la
grandeur et de l’intensité des ombres.

L’art grec chrétien, d’origine orientale, n’a jamais exagéré les
reliefs de ses sculptures ni les évidements de ses profils. La construc-
tion en petits matériaux se prêtait aces revêtements de marbre veiné,
dont l’artiste savait tirer parti pour la plus somptueuse des déco-
rations. Quant à la mosaïque, on peut dire que, du ve au xue siècle,
elle a caractérisé l’art byzantin. Les musulmans ont masqué sous un
enduit les mosaïques de Sainte-Sophie, à Constantinople ; mais Ra-
1 V. Gazette des Beaux-Arts, 3e pér., t. XVII, p. 135.