DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Ritter, William: La sécession, le Salon: correspondance de Vienne
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CORRESPONDANCE DE VIENNE
LA SÉCESSION. — LE SALON
Pour s’être opérée sous des dehors de courtoisie et de douceur, en pronon-
çant les mots, aussi captieux que diplomatiques, d’essai temporaire, de tentative
provisoire, etc., la Sécession viennoise n’en a pas moins provoqué bien des colères
au Künstlerhaus. Il y avait cependant très longtemps que cette scission était dans
Pair et qu’il eût été facile de l’éviter. Or, aujourd’hui, ceux-là mêmes qui toute
leur vie n’eurent d’autre préoccupation que d'enrayer, selon leur pouvoir, tout
mouvement, de maintenir autant que faire se peut l’art et le goût viennois dans
les ornières les plus fâcheuses, sont les premiers à s’étonner que, devant l’impos-
sibilité d’aboutir à quelques progrès, du moment qu'une si énergique opposition
de la routine de quelques-uns s’alliait, pour l’empêcher, à la force d’inertie du
plus grand nombre, un groupe d’artistes — non des plus jeunes ni des moins méri-
tants certes, — se soient décidés à rompre, après avoir échoué dans toutes leurs
tentatives de marche en avant. Ne pouvant non seulement entraîner les retarda-
taires, mais lutter dans la maison contre l'esprit rétrograde et timoré, ils en
sortent. Quoi de plus simple? Mais grâce à ce menu coup d’État, nous n’enten-
tendrons désormais plus, à Vienne, de clameurs indignées, lorsqu’il s’agira d’une
exposition comme celle de Raffaëlli ou d'une médaille d’or décernée à Segantini.
La commune de Vienne a concédé, pour y construire le nouveau local, un empla-
cement fort avantageux sur le Stubenring, en face du Musée autrichien, là où
s’étendait autrefois le champ de manœuvre de la gigantesque caserne François-
Joseph, déjà désaffectée et condamnée à une prochaine démolition.
LA SÉCESSION. — LE SALON
Pour s’être opérée sous des dehors de courtoisie et de douceur, en pronon-
çant les mots, aussi captieux que diplomatiques, d’essai temporaire, de tentative
provisoire, etc., la Sécession viennoise n’en a pas moins provoqué bien des colères
au Künstlerhaus. Il y avait cependant très longtemps que cette scission était dans
Pair et qu’il eût été facile de l’éviter. Or, aujourd’hui, ceux-là mêmes qui toute
leur vie n’eurent d’autre préoccupation que d'enrayer, selon leur pouvoir, tout
mouvement, de maintenir autant que faire se peut l’art et le goût viennois dans
les ornières les plus fâcheuses, sont les premiers à s’étonner que, devant l’impos-
sibilité d’aboutir à quelques progrès, du moment qu'une si énergique opposition
de la routine de quelques-uns s’alliait, pour l’empêcher, à la force d’inertie du
plus grand nombre, un groupe d’artistes — non des plus jeunes ni des moins méri-
tants certes, — se soient décidés à rompre, après avoir échoué dans toutes leurs
tentatives de marche en avant. Ne pouvant non seulement entraîner les retarda-
taires, mais lutter dans la maison contre l'esprit rétrograde et timoré, ils en
sortent. Quoi de plus simple? Mais grâce à ce menu coup d’État, nous n’enten-
tendrons désormais plus, à Vienne, de clameurs indignées, lorsqu’il s’agira d’une
exposition comme celle de Raffaëlli ou d'une médaille d’or décernée à Segantini.
La commune de Vienne a concédé, pour y construire le nouveau local, un empla-
cement fort avantageux sur le Stubenring, en face du Musée autrichien, là où
s’étendait autrefois le champ de manœuvre de la gigantesque caserne François-
Joseph, déjà désaffectée et condamnée à une prochaine démolition.