LES GONCOURT ET L’ART
Six mois sc sont écoules depuis
qu’Edmond de Concourt n’est plus, et
telle a été la grandeur du deuil, que
le temps n’a point encore apaisé l’amer-
tume du regret. La perte ressentie
par les lettres françaises devait particu-
lièrement atfccter la Gazette des Beaux-
Arts unie à M. de Goncourt par le lien précieux d’une collaboration
vieille de trente-quatre années. Notre revue a été la libre tribune où,
au printemps de leur renommée, Edmond et Jules de Concourt célé-
brèrent les maîtres du xvme siècle ; sous leur signature jumelle
parurent, de 1862 à 1869, les biographies initiatrices, et maintenant
classiques, de Chardin, de La Tour, de Fragonard, de Creuze, de
Debucourt, de Gravelot, de Cochin, d’Eisen; et, au terme de sa
carrière, en pleine gloire, c’est encore la Gazette que le survivant
des deux frères élut pour y traiter d’Hokousaï et pour donner de
son Grenier une description qui complète heureusement l’inventaire,
désormais historique, de l’hôtel d’Auteuil1.
La fidélité gardée à notre maison ne saurait surprendre : elle
se légitime par l’accueil que les Goncourt y rencontrèrent, dès l’instant
presque de leurs débuts. Ici du moins, la sympathie pour ces grands
1. La Maison d’un artiste. Charpentier, 1881, 2 vol. in-12.
Six mois sc sont écoules depuis
qu’Edmond de Concourt n’est plus, et
telle a été la grandeur du deuil, que
le temps n’a point encore apaisé l’amer-
tume du regret. La perte ressentie
par les lettres françaises devait particu-
lièrement atfccter la Gazette des Beaux-
Arts unie à M. de Goncourt par le lien précieux d’une collaboration
vieille de trente-quatre années. Notre revue a été la libre tribune où,
au printemps de leur renommée, Edmond et Jules de Concourt célé-
brèrent les maîtres du xvme siècle ; sous leur signature jumelle
parurent, de 1862 à 1869, les biographies initiatrices, et maintenant
classiques, de Chardin, de La Tour, de Fragonard, de Creuze, de
Debucourt, de Gravelot, de Cochin, d’Eisen; et, au terme de sa
carrière, en pleine gloire, c’est encore la Gazette que le survivant
des deux frères élut pour y traiter d’Hokousaï et pour donner de
son Grenier une description qui complète heureusement l’inventaire,
désormais historique, de l’hôtel d’Auteuil1.
La fidélité gardée à notre maison ne saurait surprendre : elle
se légitime par l’accueil que les Goncourt y rencontrèrent, dès l’instant
presque de leurs débuts. Ici du moins, la sympathie pour ces grands
1. La Maison d’un artiste. Charpentier, 1881, 2 vol. in-12.