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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 4
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Ritter, William: Correspondance de Vienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0377

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CORRESPONDANCE DE VIENNE

Les peintures-broderies de Mme Henriette Mankiewicz. -- Les expositions du
centenaire de Schubert et des œuvres de Moritz von Schwind, Joseph Danhauser
et Léopold Kupclioieser.

combien d’entre nous n’est-il pas arrivé
d’être appelés à donner notre avis sur des
Iravaux féminins auxquels des mains amies
avaient longuement peiné, et de les consi-
dérer d’un œil désenchanté, et de nous ven-
ger du mensonge par un peu d’ironie dans
les louanges de politesse ! Mais aussi, com-
bien sont-ils trop souvent laids jusqu’au
ridicule, les mêmes ouvrages auxquels
s’adonnent aujourd’hui les femmes de la
société, d'après les fastidieux échantillons
des journaux de mode, dont on aurait droit
de se demander d’où procède l’autorité, sinon
du seul fait qu’en a été payé l’abonnement ! C'est alors que s’impose à la rêverie
un mélancolique retour en arrière, dans le temps et dans l’espace : tantôt, nous
revoyons en imagination les paysannes des contrées si souvent taxées semi-bar-
bares : slaves, roumaines et grecques, dont l’instinct décoratif est si sur, le goût
personnel si fécond en surprises charmantes, le travail manuel si traditionnel-
lement impeccable et si spontanément artistique; tantôt nous évoquons» les
neiges d’antan », les grandes dames d’autrefois qui, pendant que s’éternisaient
les équipées de leurs maris contre les infidèles, consumaient des années entières
à une seule tapisserie, tandis qu’une suivante poursuivait auprès d’elles la
lecture à haute voix de tel de ces interminables romans de chevalerie, dont les
quelques dix milliers de vers suffisaient eux aussi à la curiosité romanesque de
toute une vie, peut-être par exemple ce Cligès, de Chrestien de Troyes, où juste-
ment il est question d’une jeune dame qui avait mêlé de ses cheveux à la trame
d’un vêtement qu’elle avait tissé pour son chevalier. Combien pourrions-nous
citer de châtelaines, de reines et de marquises, qui— depuis la Pénélope que
Max Klinger nous représente tissant une sorte de jardin d’Éden où Adam et Eve
errent au milieu de mastodontes — se transmirent cette tradition domestique de
travail, tout art et tout élégance, jusqu’à cette séduisante Luisa Bergalli, sortie
d'une échoppe de cordonnier de la folâtre Venise du siècle passé et qui, amie et
 
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