Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 17.1897)

LE DUC D’AUMALE

Le duc d’Aumale n’est plus. La France entière, par
les délégations de son gouvernement et de son armée,
toutes les cours de l’Europe par les représentants des
familles royales auxquelles il était allié, lui ont fait
de grandioses funérailles.

Si l’élan du regret et de la reconnaissance a été
aussi spontané et aussi universel, ce n’est pas seule-
ment dans le respect de la naissance et des titres qu’il
faut en chercher la cause. Bien des princes, bien des
rois sont morts, sans avoir rassemblé autour de leur
cercueil tant et de si belles sympathies. Le duc d’Au-
male se les était assurées, il avait conquis les cœurs
par toute une vie inspirée, du commencement à la
fin, du plus pur et du plus complet amour de la France.
Aussi connut-il ce rare bonheur d'avoir forcé l’estime
de ses ennemis, et les regrets de sa perte n’ont-ils pas
trouvé chez ses amis de plus éloquents interprètes que
chez ses adversaires.