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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 4
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Chennevières, Henry de: Le portrait de Madame de Krüdner et de sa fille par Angelica Kauffmann
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0324

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298

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

apprentissage. Aussi se trouvait-elle prête à tirer tout le fruit possible
d’un voyage d’études en Italie ; mais ce voyage fut longtemps ajourné :
un attrait égal pour la musique et le privilège d’une voix merveil-
leuse balançaient en elle l’amour de la peinture. Sa résolution se
prenait enfin, et la première station d’Angel ica fut à Parme. La
petite cour de Parme était alors en pleine période de protection des
talents. Le duc fondait une Académie de peinture, dont sa fille,
l’infante Isabelle, future épouse de l’archiduc Joseph, décorait la
salle d'honneur d'un vaste tableau en pastel ; sur son théâtre, où
fréquentaient les premiers sujets de l’Europe, s’inaugurait l’essai de
réforme de l’opéra italien; car, en dilettante de la scène, ce prince
avait senti la nécessité de sortir l’opéra du genre concerto et de le
vivifier par les grâces et le merveilleux de la composition française.

Angelica aurait risqué de prendre là un arrière-regret des
triomphes du chant, si le Corrège et- le Parmesan n’avaient absorbé
son enthousiasme. La vue des eaux-fortes du Parmesan semble
même l’avoir déterminée tout de suite à des curiosités de gravure.
Elle visitait Bologne, Florence, Rome et Naples avec une pareille
ardeur. A Rome, où elle se lit grande joie de prolonger son séjour,
Angelica connut Winckelman, devint adepte du célèbre archéo-
logue, exécuta son portrait et montra plus tard la sincérité durable
de cette passion d’antiquaire, en rassemblant pour elle-même une
collection d’œnochoés. Toutefois, Venise l’attirait, mais son étude
des coloristes fut vite abrégée par l’insistance d’une grande dame,
lady Wentworth, lui exaltant les succès réservés en Angleterre à
son talent comme à sa beauté. Gomment ne pas partir ? la protectrice
et l’artiste arrivaient à Londres, en juin 1766. Les propos de lady
Wentworth se trouvèrent au-dessous de la réalité. Pour recevoir,
fêter les gens et leur être fidèles, on peut s’en rapporter aux Anglais.
Pendant dix-sept années, Angelica fut la portraitiste choyée de toute
l’aristocratie. Assurément, personne n’eut l’idée d’une comparaison
entre elle et Reynolds ; mais à distance du prestigieux maître il y
avait place pour un pinceau féminin. D’ailleurs, elle lit toute son
étude des procédés et des allures de Reynolds. Le talent propre d’An-
gelica, le secret de sa vogue constante, fut le gracieux maniérisme
de sentiment de ses portraitures féminines : elle y mettait une exquise
recherche du costume et de P ajustement, une tendresse élégante, une
suavité d’expression tout-à-fait conformes au caractère de la beauté
anglaise. Au nombre de ses ouvrages les plus célèbres, répandus par
la gravure, il convient de citer les portraits de la duchesse de Bruns-
 
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