GAZETTE DES BEAUX-ARTS
dire, c’est plutôt un monument votif qu’un tombeau, une sorte de
dessus d’autel jésuite posé sur un sarcophage; il y manque la figure
essentielle de toute sépulture, quelle qu’elle soit : l’effigie du mort; et
ceci est inquiétant, lorsque nous songeons aux tendances réalistes du
premier Michel Bourdin. On retrouverait bien, d’autre part, dans la
décoration classique à entablements, colonnes et corniches de marbre
blanc et noir, certains traits assez habituels à Michel Bourdin. Enfin,
la figure principale, un peu lourde et trapue, qui paraît bien être
un Christ ressuscitant, nous semble, comme la Vierge d’Orléans, un
dérivé des types créés par Pilon. Si cette dernière procédait, alourdie
et dégénérée, de la Mater Dolorosa du maître, celui-ci ne vient-il pas
de son Christ ressuscitant? Nous aurions ainsi une preuve que nous
sommes toujours bien dans la suite de Pilon, et que ses idées et ses
types se répandent en se vulgarisant et en s’alourdissant. De même,
les pelits génies assez gracieux, qui tiennent des torches renversées
sur le devant du monument, sont bien la continuation, encore assez
délicate relativement, des figures si fines du xvie siècle.
Ce monument nous présente-t-il donc une réminiscence de
Pilon, atlribuable au père comme la Vierge d’Orléans, ou bien n’y
faut-il voir qu'une œuvre du fils, oublieux des traditions réalistes de
son père et ne faisant même plus de portraits? Nous n’en pouvons
actuellement rien savoir. La date de KÜ2 pourrait convenir aussi
bien à l'un qu’à l’autre. L'œuvre est intéressante en tous les cas,
car elle nous donne, à coté des figures funéraires réalistes que nous
connaissons bien, un spécimen de ces figures de sainteté que les
Bourdin avaient exécutées pour certaines églises de Paris, et dans
lesquelles les contemporains avaient déjà relevé, à coté de réelles
qualités, les mêmes caractères de lourdeur et d’épaisseur que nous
retrouvons ici.
P. VU T R Y
(La suite prochainement).
dire, c’est plutôt un monument votif qu’un tombeau, une sorte de
dessus d’autel jésuite posé sur un sarcophage; il y manque la figure
essentielle de toute sépulture, quelle qu’elle soit : l’effigie du mort; et
ceci est inquiétant, lorsque nous songeons aux tendances réalistes du
premier Michel Bourdin. On retrouverait bien, d’autre part, dans la
décoration classique à entablements, colonnes et corniches de marbre
blanc et noir, certains traits assez habituels à Michel Bourdin. Enfin,
la figure principale, un peu lourde et trapue, qui paraît bien être
un Christ ressuscitant, nous semble, comme la Vierge d’Orléans, un
dérivé des types créés par Pilon. Si cette dernière procédait, alourdie
et dégénérée, de la Mater Dolorosa du maître, celui-ci ne vient-il pas
de son Christ ressuscitant? Nous aurions ainsi une preuve que nous
sommes toujours bien dans la suite de Pilon, et que ses idées et ses
types se répandent en se vulgarisant et en s’alourdissant. De même,
les pelits génies assez gracieux, qui tiennent des torches renversées
sur le devant du monument, sont bien la continuation, encore assez
délicate relativement, des figures si fines du xvie siècle.
Ce monument nous présente-t-il donc une réminiscence de
Pilon, atlribuable au père comme la Vierge d’Orléans, ou bien n’y
faut-il voir qu'une œuvre du fils, oublieux des traditions réalistes de
son père et ne faisant même plus de portraits? Nous n’en pouvons
actuellement rien savoir. La date de KÜ2 pourrait convenir aussi
bien à l'un qu’à l’autre. L'œuvre est intéressante en tous les cas,
car elle nous donne, à coté des figures funéraires réalistes que nous
connaissons bien, un spécimen de ces figures de sainteté que les
Bourdin avaient exécutées pour certaines églises de Paris, et dans
lesquelles les contemporains avaient déjà relevé, à coté de réelles
qualités, les mêmes caractères de lourdeur et d’épaisseur que nous
retrouvons ici.
P. VU T R Y
(La suite prochainement).