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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 1
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Diehl, Charles: Les mosaïques byzantines du Monastère de Saint-Luc
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0048

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38

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

que les hommes; il conversait avec les cerfs de la montagne, avec
les passereaux des champs, avec les reptiles du chemin, et plus
d'une fois ces naïfs entretiens font penser à saint François d’Assise.
Certes, dans le siècle de fer où il vivait, ces rares et délicates vertus
n’eussent point suffi pour sanctifier son nom ; la dignité de sa vie,
la rude austérité de ses mœurs, le don prophétique surtout qu’on
lui attribuait et les guérisons miraculeuses qu’il opérait devaient
faire davantage pour sa gloire. Aussi, quand il mourut, les paysans
de Phocnhq qui l’avaient entouré vivant d’un affectueux respect, qui,
en plein hiver, par les sentiers couverts de neige, s’étaient, à l'an-
nonce de sa fin prochaine, mis en route pour recevoir les suprêmes
bénédictions du solitaire, eurent vile fait d’attribuer à son tombeau
de merveilleuses vertus. Bientôt, de la Grèce entière, on vint en
pèlerinage demander au sépulcre du saint des miracles et des grâces,
et tout naturellement, à l’endroit que saint Luc avait sanctifié par sa
vie, s’élevèrent, dès avant la lin du x° siècle, une église et un mo-
nastère.

Lorsque, pour la première fois, l’anachorète arrêta ses regards
sur la paisible vallée de St iris, il avait été séduit tout d’abord par le
charme tranquille de ce paysage, où des ombrages toujours verts et
des eaux toujours fraîches faisaient au milieu des montagnes comme
une oasis presque inaccessible aux hommes. Aujourd’hui encore, le
site du couvent de Saint-Luc est un des plus gracieux que je connaisse
en Grèce. Dans l’étroite plaine fermée qui dévale au pied du mona-
stère, des bouquets d’oliviers s’épanouissent parmi les prairies ver-
doyantes ; sur les montagnes qui, vers le nord, enveloppent de leurs
croupes semi-circulaires le calme domaine de F abbaye, des sapinières
touffues mêlent leur verdure sombre aux taches grisâtres du rocher,
et semblent opposer leur épaisse barrière aux bruits qui viennent
du monde ; seule, au sud, une échappée s’ouvre du côté de la mer,
long couloir serpentant entre des crêtes abruptes et dénudées, et au
loin, par celte échancrure, on voit, par delà le golfe, se dessiner sur
le ciel clair les cimes neigeuses des monts d’Achaïe. Comme le
paysage qui l’environne, le couvent assis à mi-côte est aimable, dis-
cret et tranquille. Il n’a point, comme les monastères de l’Athos ou
de Patmos, un air renfrogné et rude de citadelle moyenâgeuse ; on
n’y trouve ni tours crénelées flanquant les remparts de pierre, ni
doubles portes à la voûte obscure., aux passages étroits et tortueux,
ni cours resserrées et mystérieuses, noyées dans l’ombre des hauts
édifices ; il y manque, en revanche, la sévère beauté de Patmos ou de
 
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