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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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L' exposition des eaux-fortes de M. G. Leheutre
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0083

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EXPOSITION DES EAUX-FORTES DE M. G. LE HE ETRE 71

Salon de 1889, un portrait de son père, puis, chez M. Le Barc de
Boutteville, une série de danseuses évoluant dans le mystère de la
pénombre. Aussi bien, n’est-ce pas le faiseur de tableaux, mais spécia-
lement le manieur de pointe, que M. Thomas a entendu mettre en
lumière, et il a réuni, presque dans son entier, l’œuvre gravé par
M. Leheutre depuis les trois années que l’artiste s’adonne à l’eau-forte.
Ici, par le fait même du groupement, il y a eu révélation presque inté-
grale. Les estampes de M. Leheutre jusqu’à hier rencontrées de-ci,
de-là, au Champ-de-Mars, dans les portefeuilles des marchands et dans
quelques publications de luxe comme Le Centaure ou Les Peintres-
graveurs^ n'avaient pas laissé d’être accueillies avec faveur ; voici
seulement que la suite de l’effort est divulguée, qu’on peut en saisir
la signification, s’essayer à en dégager le particularisme.

Son éducation d’aquafortiste, M. Leheutre la doit à lui-même ;
Whistler, qui a pu l’impressionner, ne le compte pas comme dis-
ciple ; il n’a sollicité d’autres conseils que ceux du divin Rembrandt;
c’est dans le commerce du maître et des graveurs de paysage hollan-
dais que son talent s’est formé. 11 goûte, à leur manière, le charme
de la campagne et repousse les complications de métier, qui réussi-
raient mal à traduire le sentiment intime. Dans son eau-forte, très
simple et très délicate à la fois, tout est calculé en vue de l’effet
lumineux obtenu le plus souvent sans repoussoir d’ombre, ni jeu
de clair obscur ; tout s’y trouve établi par une pointe alerte, qui
effleure le cuivre plutôt qu’elle ne le creuse. De la taille, de sa finesse,
de sa direction viennent et le caractère et la qualité de l’estampe ;
point d’accumulation de travaux, mais des indications essentielles,
sûres quoique très légères, et qui prennent, en raison même de leur
tenuité, de leur rareté, une signification extrême.

Maintenant, qu’il erre dans Paris, au Chantier clu Sacré-Cœur,
qu’il parcoure la banlieue et s’arrête sur les bords de la Marne, à
Gournay, à Lagny, qu’il s’évade jusqu’à Venise ou qu’il revienne
à Troyes, dans la ville natale, célébrer les vieilles masures affaissées
le long de la route, ou les rues moyenâgeuses [La rue Gambe//, La
rue du Petit-Cloître), M. Leheutre reste fidèle à son principe de
notation et à la règle qui lui fait enlever chacune de ses eaux-fortes
directement sur le cuivre, au dehors... A mesure que s’agrandira le
champ de la vision et que se poursuivra l'œuvre, d’autres procédés
s’imposeront à l’artiste. On lui sait une prédilection très vive pour
un ordre de sujets qu’il n’a encore abordé que par accident [Les Dan-
seuses, Le Duo) ; sans renoncer à la gravure de plein air, il exprimera
 
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