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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Molinier, Émile: Un don au Musée du Louvre: la collection du comte Isaac de Camondo
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0102

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

vingt-cinq ans, ont cté dirigées contre notre grand musée natio-
nal. Et tandis qu’on exposait les crimes qui se commettaient au
Louvre, sans se douter des difficultés sans nombre et d’ordre divers
auxquelles se heurtent et finissent par se briser les volontés les mieux
trempées, le Musée s’arrondissait, s’enrichissait sans bourse délier,
chaque jour amenant de nouveaux dons, de nouvelles libéralités.
N’allez pas croire que de tels dons soient intéressés : les noms des
morts n’ont point été inscrits en belles lettres d’or sur une table de
marbre, qui formerait cependant un beau décor pour notre vesti-
bule ; les vivants ont à peine reçu un remerciement, encore moins
une récompense. Cela semble tout naturel, et notre pays demeure, à
ce point de vue, la patrie des dévouements obscurs, qui ne cherchent
leur satisfaction que dans le sentiment du devoir accompli. C’est
très beau assurément; j’estime cependant qu’on pourrait faire plus
et répondre avec plus de courtoisie à tant de désintéressement.

Si je ne craignais de pécher par omission et aussi de fatiguer le
lecteur, je pourrais dresser une longue liste des bienfaiteurs qui,
depuis vingt-cinq ans, pour ne pas remonter plus haut, ont enrichi
le Louvre de cadeaux inestimables ou l’enrichiront plus tard par des
legs dont la teneur nous est dès maintenant connue. Pour aujour-
d'hui, il me suffira de faire sommairement connaître le don queM. le
comte I. de Camondo vient de faire au Louvre. M. le comte de
Camondo s’était jusqu’ici surtout signalé par son goût pour le beau
mobilier du xviu0 siècle, pour les œuvres de peinture de l'école
moderne, pour les Monct et les Degas, pour les estampes japonaises.
Nouveau venu dans l’admiration de la Renaissance, tout en gardant
au fond du cœur ses anciennes amours, il a voulu former une collec-
tion d’objets d’art, de sculptures surtout, choisis parmi les plus beaux
spécimens de l'art de cette époque; et, suivant l’exemple de plusieurs
collectionneurs, de Dis de la Salle, de la marquise Arconati-Visconti,
il a voulu que, dès son vivant, les conservateurs du Musée du Louvre
puissent dire en entrant chez lui : « Ceci nous appartient, ou plutôt
appartient à la France. » Cette collection, — ou plutôt ce commen-
cement de collection, — qui sera, que dis-je ? qui est déjà augmentée
à l’heure qu’il est, et le sera largement par la suite, —j'ai l’honneur
de la présenter aujourd'hui aux lecteurs de la Gazette. Je le ferai aussi
brièvement que possible, me bornant à indiquer la place que ces
objets tiennent dans l’histoire de l’art,la place aussi qu’ils tiendront
dans nos collections. Aussi bien ne suis-je pas absolument qualifié
pour examiner des pièces qui doivent presque toutes prendre rang
 
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