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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
même époque et décoré dans le même style. Cette décoration, qui
devait être charmante, a disparu seulement sous Marie-Antoinette.
Les travaux se poursuivaient activement pendant les voyages
de la Cour de 1747. On faisait, en avril, « un degré pour communiquer
de l'appartement du Roi à celui de M. le Dauphin » ; en juin, on posait
« une grille à hauteur d’appui depuis l’encoignure du cabinet de
M. le Dauphin jusqu’à sa chambre à coucher, prenant à la dernière
marche du perron, afin d’éloigner les curieux1 ». L’escalier de
Gabriel existe encore, quoique un peu changé de forme; c’est celui
qui débouche directement dans l’OEil-de-Bœuf et qu’aucun plan
antérieur à 1747 ne fait figurer. Quant à la grille, elle est en place
encore sous les fenêtres du cabinet; une serrure permettait de
l’ouvrir quand le prince voulait descendre dans les jardins.
Il n’est pas sans intérêt d’apprendre, par un aussi sûr document,
]a date et l’occasion de ce beau travail de fer forgé et doré, qu’on a
prétendu jusqu’à présent remonter à Louis XIV2. Le Château n’otlre
qu’un seul travail tout à fait analogue : c’est la rampe de l’escalier
intérieur du Roi, et encore cette œuvre d’art, ignorée du public, est-
elle dans un état de conservation moins parfait que l’élégante grille,
au chiffre commun de Louis XV et du Dauphin.
Le 20 septembre, l’ordre était donné à la manufacture de glaces
de délivrer les glaces nécessaires pour les deux appartements. Enfin,
le 21 novembre, Luynes écrivait : « Comme on a travaillé sans
relâche, et même les fêtes et dimanches, à l’appartement de M. le
Dauphin et de Mme la Dauphine, il est prêt actuellement ou au moins
le sera demain3. » Le chroniqueur de la Cour donnait alors une
description de l’appartement, dont on retrouvera dans notre texte
les principaux renseignements4. Quelques travaux complétaient
l'installation des augustes occupants. Je ne citerai ici que les docu-
ments faisant mention de choses d’art :
Lettre de Gabriel au Directeur général des Bâtiments, le 9 juin
1747 :
Monsieur, La décoration de l’oratoire de Madame la Dauphine ne change
que pour la niche du fond, qui devoit être de 3 pieds et que M. le Dauphin
1. Archives Nationales, O1 1810. 1er avril et 18 juin 1747.
2. Dussieux, I, 296.
3. VIII, 330.
4. Dussieux a réimprimé cette description, avec un commentaire insignifiant
au point de vue artistique et souvent inexact au point de vue topographique
(I, 334).
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même époque et décoré dans le même style. Cette décoration, qui
devait être charmante, a disparu seulement sous Marie-Antoinette.
Les travaux se poursuivaient activement pendant les voyages
de la Cour de 1747. On faisait, en avril, « un degré pour communiquer
de l'appartement du Roi à celui de M. le Dauphin » ; en juin, on posait
« une grille à hauteur d’appui depuis l’encoignure du cabinet de
M. le Dauphin jusqu’à sa chambre à coucher, prenant à la dernière
marche du perron, afin d’éloigner les curieux1 ». L’escalier de
Gabriel existe encore, quoique un peu changé de forme; c’est celui
qui débouche directement dans l’OEil-de-Bœuf et qu’aucun plan
antérieur à 1747 ne fait figurer. Quant à la grille, elle est en place
encore sous les fenêtres du cabinet; une serrure permettait de
l’ouvrir quand le prince voulait descendre dans les jardins.
Il n’est pas sans intérêt d’apprendre, par un aussi sûr document,
]a date et l’occasion de ce beau travail de fer forgé et doré, qu’on a
prétendu jusqu’à présent remonter à Louis XIV2. Le Château n’otlre
qu’un seul travail tout à fait analogue : c’est la rampe de l’escalier
intérieur du Roi, et encore cette œuvre d’art, ignorée du public, est-
elle dans un état de conservation moins parfait que l’élégante grille,
au chiffre commun de Louis XV et du Dauphin.
Le 20 septembre, l’ordre était donné à la manufacture de glaces
de délivrer les glaces nécessaires pour les deux appartements. Enfin,
le 21 novembre, Luynes écrivait : « Comme on a travaillé sans
relâche, et même les fêtes et dimanches, à l’appartement de M. le
Dauphin et de Mme la Dauphine, il est prêt actuellement ou au moins
le sera demain3. » Le chroniqueur de la Cour donnait alors une
description de l’appartement, dont on retrouvera dans notre texte
les principaux renseignements4. Quelques travaux complétaient
l'installation des augustes occupants. Je ne citerai ici que les docu-
ments faisant mention de choses d’art :
Lettre de Gabriel au Directeur général des Bâtiments, le 9 juin
1747 :
Monsieur, La décoration de l’oratoire de Madame la Dauphine ne change
que pour la niche du fond, qui devoit être de 3 pieds et que M. le Dauphin
1. Archives Nationales, O1 1810. 1er avril et 18 juin 1747.
2. Dussieux, I, 296.
3. VIII, 330.
4. Dussieux a réimprimé cette description, avec un commentaire insignifiant
au point de vue artistique et souvent inexact au point de vue topographique
(I, 334).