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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
il nous est impossible de contrôler cette observation, car les origi-
naux ont disparu. De plus, nous ne pouvons savoir avec certitude si
c’est du père ou du fils qu’il s’agit. Enfin même, Sauvai écrivait indif-
féremment Boudin ou Bourdin, et personne autre que lui ne nous
ayant parlé de ces œuvres, il pourrait être permis de supposer que
c’est d'un membre de l’autre famille, d’un Boudin, qu’il s’agit ici.
Il est d’autres œuvres qu’on pourrait attribuer aux Bourdin, par
analogie ; mais il faut bien se garder d’aller trop loin dans cette voie
dangereuse et d’attribuer à un seul homme, parce qu’il est le plus
connu d’une génération, toutes les œuvres d’une série, comme on le
faisait jadis pour Pilon ou pour Prieur.
Pourtant, il ne serait peut-être pas téméraire de proposer, pour
l’un des Bourdin, les figures des Rostaing, provenant de l’église
des Feuillants1, et qui se trouvent actuellement à Saint-Germain-
l’Auxerrois. Le Charles de Bostaing surtout a bien des analogies avec
l’Amador de la Porte, par exemple : c’est une figure trapue et plu-
tôt lourde, avec une bonne face large et un peu plate. Il porte d’ail-
leurs le même costume qu’Amador et jusqu’aux mêmes gros souliers
carrés. Mais il est bien inférieur et ne paraît être qu’une œuvre d’imi-
tation, qu’il faudrait donner alors à Michel II, reproduisant les types
de son père. La date, d’ailleurs, de 1653 confirmerait bien cette hypo-
thèse ; le magistrat qui l’accompagne, Tristan de Rostaing, bien qu’il
soit mort en 1582, pourrait bien aussi être de la même main, et, ce
caractère de portrait rétrospectif n’aurait rien qui dût nous étonner
chez Michel 11 Bourdin.
De même, nous serions assez disposé à nous ranger à l’avis de
M. Gonse en ce qui concerne le second Nicolas de Neuville, de Magny-
en-Ycxin. Celte figure, bien supérieure d’ailleurs à celles que nous
venons de citer, et bien plus ancienne, pourrait même être de
Michel Ier. Mais jusqu’ici, nous n’avons rien qui puisse nous le confir-
mer d’une façon précise.
M. Gonse voudrait lui donner encore les seigneurs de Bellengre-
villc, dans l’église de Gambais. Ici nous sommes moins disposé à le
suivre ; ces statues sont fort intéressantes, mais elles sont plutôt, par
l’exécution et par les costumes, un peu antérieures à l’époque où
travaillaient nos artistes ; elles paraissent tout à fait contemporaines
de Henri IV. Comme la ressemblance de facture es4 loin de sauter
aux yeux, comme, d’autre part, nous ne connaissons encore aucun
i. Cf. Millin, Antiquités nationales, t. Ier.
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il nous est impossible de contrôler cette observation, car les origi-
naux ont disparu. De plus, nous ne pouvons savoir avec certitude si
c’est du père ou du fils qu’il s’agit. Enfin même, Sauvai écrivait indif-
féremment Boudin ou Bourdin, et personne autre que lui ne nous
ayant parlé de ces œuvres, il pourrait être permis de supposer que
c’est d'un membre de l’autre famille, d’un Boudin, qu’il s’agit ici.
Il est d’autres œuvres qu’on pourrait attribuer aux Bourdin, par
analogie ; mais il faut bien se garder d’aller trop loin dans cette voie
dangereuse et d’attribuer à un seul homme, parce qu’il est le plus
connu d’une génération, toutes les œuvres d’une série, comme on le
faisait jadis pour Pilon ou pour Prieur.
Pourtant, il ne serait peut-être pas téméraire de proposer, pour
l’un des Bourdin, les figures des Rostaing, provenant de l’église
des Feuillants1, et qui se trouvent actuellement à Saint-Germain-
l’Auxerrois. Le Charles de Bostaing surtout a bien des analogies avec
l’Amador de la Porte, par exemple : c’est une figure trapue et plu-
tôt lourde, avec une bonne face large et un peu plate. Il porte d’ail-
leurs le même costume qu’Amador et jusqu’aux mêmes gros souliers
carrés. Mais il est bien inférieur et ne paraît être qu’une œuvre d’imi-
tation, qu’il faudrait donner alors à Michel II, reproduisant les types
de son père. La date, d’ailleurs, de 1653 confirmerait bien cette hypo-
thèse ; le magistrat qui l’accompagne, Tristan de Rostaing, bien qu’il
soit mort en 1582, pourrait bien aussi être de la même main, et, ce
caractère de portrait rétrospectif n’aurait rien qui dût nous étonner
chez Michel 11 Bourdin.
De même, nous serions assez disposé à nous ranger à l’avis de
M. Gonse en ce qui concerne le second Nicolas de Neuville, de Magny-
en-Ycxin. Celte figure, bien supérieure d’ailleurs à celles que nous
venons de citer, et bien plus ancienne, pourrait même être de
Michel Ier. Mais jusqu’ici, nous n’avons rien qui puisse nous le confir-
mer d’une façon précise.
M. Gonse voudrait lui donner encore les seigneurs de Bellengre-
villc, dans l’église de Gambais. Ici nous sommes moins disposé à le
suivre ; ces statues sont fort intéressantes, mais elles sont plutôt, par
l’exécution et par les costumes, un peu antérieures à l’époque où
travaillaient nos artistes ; elles paraissent tout à fait contemporaines
de Henri IV. Comme la ressemblance de facture es4 loin de sauter
aux yeux, comme, d’autre part, nous ne connaissons encore aucun
i. Cf. Millin, Antiquités nationales, t. Ier.