CORRESPONDANCE DE L’ÉTRANGER
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à Nancy. Le coût de l’entreprise y a fait renoncer, chose regrettable, surtout au
moment où va disparaître, ou peu s’en faut, l’historique Montagne de la Cour.
La ville de Bruxelles affectera donc à ses exhibitions un local plus modeste,
reproduisant, en partie, l’ancien hôtel de Nassau, dont l’emplacement est actuelle-
ment occupé par la Bibliothèque royale et le Musée de peinture moderne. C’était
une construction datant du xvie siècle, pourvue d’une tour et d’une élégante
bretèche, supportée par un portique à colonnes. Si l’effet répond à l’attente du
collège échevinal, la construction deviendra définitive et se reliera à l’hôtel de Ra-
venstein, devenu, depuis peu d’années, le siège de plusieurs sociétés scientifiques,
et que vont dégager les travaux de la Montagne de la Cour, mentionnés plus
haut et activement poussés. C’était dans la partie en train de disparaître et
dénommée jadis les Escaliers des Juifs, qu’avait fixé sa demeure le peintre David
Teniers, deuxième du nom.
La capitale entend, du reste, se montrer sous son aspect le plus avantageux,
ce qui, pour le moment, se traduit par un ensemble de travaux qui font autant
de fondrières de quelques-unes des artères les plus importantes, livrées aux po-
seurs de rails pour voies électriques.
L’admirable flèche gothique de l’hôtel de ville est, depuis des mois, dérobée
aux regards par un échafaudage qui, de la base au sommet, lui fait une
carapace de madriers. On a descendu des hauteurs où il planait l’archange
protecteur de la cité, celui dont la silhouette altière se profilait au faîte de la
tour. Dorée à neuf, cette figure du xv° siècle est exposée dans une des salles de
l’hôtel communal, en attendant de reprendre là-haut son poste de combat.
Un groupe d’artistes avait émis le vœu de voir ouvrir un concours pour le
remplacement de l’antique image par une conception nouvelle. L’idée a eu,
heureusement, peu de succès dans le public, si prompt à s’enticher des nou-
veautés. Pour faire autre chose, on eût difficilement fait aussi bien que la figure
existante, qui complète si merveilleusement la ligne gracieuse de la tour.
Tous les alentours du palais communal sont en pleine voie de restauration. On
s’occupe, en outre, de réédifier une des maisons historiques de la place, celle
dite de l'Étoile, démolie il y a quelque trente ans, en vue de l’élargissement
d’une rue dont elle formait l’angle. La reconstruction se fait de telle sorte que
l’étage portera sur colonnes, de façon à concilier les nécessités de la circulation
avec celles d’un coup d'œil pittoresque.
Bruxelles, comme on voit, est tout entière à sa parure. Les musées, pour
leur part, s’y sont mis d’entrain, et tel qui parcourut, il y a peu de mois, la
galerie des' maîtres anciens, aura peine à s’y orienter aujourd’hui, tant sont
radicales les modifications opérées dans sa distribution : sans exception aucune,
les toiles qui la composent ont reçu un placement nouveau.
On n’ignore pas, sans doute, que le Palais des Beaux-Arts, conçu pour
servir de local de fêtes et d’expositions temporaires, devint, il y a peu d’années,
le Musée de peinture ancienne, ce qui n’alla pas précisément sans mécon-
tenter les artistes dépossédés d’un local érigé expressément à leur usage.
La physionomie du palais accuse, au premier abord, les exigences de sa des-
tination. Le bas est formé d’une immense salle hypostyle, auditoire pour les con-
certs, salle d’exposition pour des sculptures, au besoin. A l’étage, des galeries en
promenoir, éclairées directement par leur plafond vitré et de biais par le vitrage
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à Nancy. Le coût de l’entreprise y a fait renoncer, chose regrettable, surtout au
moment où va disparaître, ou peu s’en faut, l’historique Montagne de la Cour.
La ville de Bruxelles affectera donc à ses exhibitions un local plus modeste,
reproduisant, en partie, l’ancien hôtel de Nassau, dont l’emplacement est actuelle-
ment occupé par la Bibliothèque royale et le Musée de peinture moderne. C’était
une construction datant du xvie siècle, pourvue d’une tour et d’une élégante
bretèche, supportée par un portique à colonnes. Si l’effet répond à l’attente du
collège échevinal, la construction deviendra définitive et se reliera à l’hôtel de Ra-
venstein, devenu, depuis peu d’années, le siège de plusieurs sociétés scientifiques,
et que vont dégager les travaux de la Montagne de la Cour, mentionnés plus
haut et activement poussés. C’était dans la partie en train de disparaître et
dénommée jadis les Escaliers des Juifs, qu’avait fixé sa demeure le peintre David
Teniers, deuxième du nom.
La capitale entend, du reste, se montrer sous son aspect le plus avantageux,
ce qui, pour le moment, se traduit par un ensemble de travaux qui font autant
de fondrières de quelques-unes des artères les plus importantes, livrées aux po-
seurs de rails pour voies électriques.
L’admirable flèche gothique de l’hôtel de ville est, depuis des mois, dérobée
aux regards par un échafaudage qui, de la base au sommet, lui fait une
carapace de madriers. On a descendu des hauteurs où il planait l’archange
protecteur de la cité, celui dont la silhouette altière se profilait au faîte de la
tour. Dorée à neuf, cette figure du xv° siècle est exposée dans une des salles de
l’hôtel communal, en attendant de reprendre là-haut son poste de combat.
Un groupe d’artistes avait émis le vœu de voir ouvrir un concours pour le
remplacement de l’antique image par une conception nouvelle. L’idée a eu,
heureusement, peu de succès dans le public, si prompt à s’enticher des nou-
veautés. Pour faire autre chose, on eût difficilement fait aussi bien que la figure
existante, qui complète si merveilleusement la ligne gracieuse de la tour.
Tous les alentours du palais communal sont en pleine voie de restauration. On
s’occupe, en outre, de réédifier une des maisons historiques de la place, celle
dite de l'Étoile, démolie il y a quelque trente ans, en vue de l’élargissement
d’une rue dont elle formait l’angle. La reconstruction se fait de telle sorte que
l’étage portera sur colonnes, de façon à concilier les nécessités de la circulation
avec celles d’un coup d'œil pittoresque.
Bruxelles, comme on voit, est tout entière à sa parure. Les musées, pour
leur part, s’y sont mis d’entrain, et tel qui parcourut, il y a peu de mois, la
galerie des' maîtres anciens, aura peine à s’y orienter aujourd’hui, tant sont
radicales les modifications opérées dans sa distribution : sans exception aucune,
les toiles qui la composent ont reçu un placement nouveau.
On n’ignore pas, sans doute, que le Palais des Beaux-Arts, conçu pour
servir de local de fêtes et d’expositions temporaires, devint, il y a peu d’années,
le Musée de peinture ancienne, ce qui n’alla pas précisément sans mécon-
tenter les artistes dépossédés d’un local érigé expressément à leur usage.
La physionomie du palais accuse, au premier abord, les exigences de sa des-
tination. Le bas est formé d’une immense salle hypostyle, auditoire pour les con-
certs, salle d’exposition pour des sculptures, au besoin. A l’étage, des galeries en
promenoir, éclairées directement par leur plafond vitré et de biais par le vitrage