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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 3
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Lafenestre, Georges: Ernest Hébert, 1
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

route pour l'Italie, le jeune Hébert en trouva un surtout dont les
goûts et les tendances, sous ces influences générales, s’accordaient
avec les siens, Charles Gounod ; leur liaison fut rapide et leur amitié
profonde. Il ne serait point difficile de trouver, depuis cette époque
lointaine, entre les œuvres contemporaines du peintre et du musi-
cien, certaines parentés de style et de recherches qui sont dues à
cette commune façon de sentir.

L’année même de son départ pour Rome, le peintre avait ex-
posé au Salon un petit tableau dont le sujet, au moins, indiquait
déjà ses dispositions d’esprit. C’était Le Tasse en prison, recevant
la visite d’un gentilhomme dauphinois, d’Expilly. Celui-ci, pour
éprouver le prisonnier ou le fou, venait de lui réciter, dit le livret,
plusieurs chants de la Jérusalem délivrée, « et le poète, réveillé par la
voix du jeune d’Expilly, retrouva assez de lucidité pour comprendre
les nobles efforts du jeune homme et goûter un instant de bonheur. »
On conçoit qu’avec cette exaltation sentimentale, dans l’ivresse de
scs vingt et un ans, le peintre se soit trouvé l’un des mieux préparés
à subir cette fascination voluptueuse de l’Italie, de sa lumière, de ses
souvenirs, de ses chefs-d’œuvre, à laquelle n’échappent guère les
hommes du Nord, sinon par la rapidité d’un court voyage ou quel-
que médiocrité de l’esprit. L’un de ses anciens à la villa Médicis,
Dominique Papety, à peine son aîné, sensible comme un poète,
curieux comme un archéologue, lui servit souvent de guide dans
ses premières excursions. 11 n’eut aucune peine à lui faire partager
son enthousiasme pour la majesté grave et triste des Vierges et des
Saintes du Moyen fige dont les effigies se dressaient dans les mo-
saïques de Rome et de Ravenne. N’en retrouvaient-ils pas les mo-
dèles survivants et les sœurs inconscientes dans ces Transtevérines
ou ces Sabines, aux allures de déesses, dardant sur eux, quand ils
passaient, comme l’antique Junon, avec une fixité mystérieuse, leurs
grands yeux de génisses, vagues et profonds ? Comme Papety, qui
portait alors dans son cerveau le projet de son dernier envoi, le Rêve
de Bonheur (Musée de Compiègne), rêve trop lourd pour ses forces,
dont il fut accablé et dont il devait mourir, son compagnon, exalté,
cela va sans dire, par ce premier contact, toujours si ravissant et
si doux, avec les fiers et nobles génies de l'Antiquité et de la
Renaissance, tourna d’abord son ambition vers les conceptions
héroïques. Il prépara, pour son premier envoi, la figure d’ex-
pression, un Esclave rêvant sur le tombeau d’un homme libre.
Le directeur de l’Académie, à cette époque, était M, Ingres, dont
 
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