Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 17.1897)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

leurs poignets. Jetée sur la bière, une étoffe de brocart rouge brodé
d’or nous montre les initiales E. C., également inscrites sur les écus-
sons des cierges. Ces initiales ainsi répétées sont celles mêmes
d’Etienne Chevalier, et bien souvent déjà nous les avons rencontrées
dans les diverses miniatures de ce Livre cl’Heures exécuté pour lui.
11 a voulu qu’elles se montrassent ici d’une manière plus apparente,
comme pour rappeler avec plus de force cette pensée de la mort qui,
en ce siècle inquiet, devait, plus encore qu’aux âges précédents, hanter
les âmes d’élite et dont les représentations toujours plus nombreuses
allaient, avec les Danses macabres, devenir si populaires.La scène esta
la fois pleine de gravité, de pittoresque et d’élévation. C’est le passé
qui revit à nos yeux, avec ses usages, ses idées, ses croyances, dans
cette composition si bien agencée où l’on ne sait vraiment ce qu'on
doit admirer le plus, de la franchise du parti, de l’ordonnance et de
l’heureuse proportion des figures, de la beauté et de la simplicité de
leurs attitudes, de l’expression de leurs physionomies.

On quitte à regret un tel maître et de telles œuvres, et l’on se
sent pénétré de reconnaissance pour l’art qui nous vaut de si pures
délectations. A ce sentiment de gratitude, qui va chercher par delà
trois siècles révolus l’auteur de ces fragiles merveilles, on associe
involontairement le prince qui, après en avoir conservé à la France-
la possession, a permis d’en répandre les lidèlcs images, reproduites
dans le beau volume que nous signalons à nos lecteurs.

ÉMILE MICHEL