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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Michel, André: Les Salons au Palais de l'Industrie de 1857 à 1897
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0304

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280

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

son langage de primitif. Quand on pense à tout ce qui suivit, — à ces
petits portraits d’« écriture » si fine et incisive, de volonté si forte,
d’intention si délicate, à ces études de paysages et de paysans amou-
reusement poussées et qui, d’armée en année, le conduisaient delà
vérité minutieusement observée à la réalité profondément sentie,
c’est-à-dire à la poésie, — on se sent le cœur serré comme aujour
où nous suivions le cercueil qui emportait tant d’espérances.

M. Roll débutait , l’année d’après, avec un Éclaireur et Cuirassier,
en attendant ses grandes compositions de Y Inondation, de la Grève,
du Chantier et ses Cortèges de Silène, ses Femmes au taureau, qui
étaient comme des invocations ardentes à la lumière et à la vie.
M. Dagnan-Bouveret nous donnait la joie de suivre, après les débuts
hésitants de Manon Lescaut, l’ascension d'un talent réfléchi, volon-
taire et toujours en progrès: La Noce chez le photographe, IL Accident,
La Bénédiction nuptiale, autant d’étapes sur la route montante qui
devait le conduire des Pardons de Bretagne aux grandes ambitions
de la peinture religieuse.

A cette peinture même, un inconnu, -—- exilé à Londres, comme
M. A. Le gros, — ouvrait en 1877 des voies nouvelles et montrait,
dans la communion plus intime avec la nature tendrement
observée, un sûr moyen de rajeunissement ; c’était M. C. Cazin,
avec la Fuite en Egypte, Cazin, que la Providence nous envoyait
pour nous consoler, si nous avions pu l’être, de la mort récente de
Corot. Et au même Salon, M. Lhermitte, peintre loyal et sain, nous
arrivait avec M. Besnard, dont le talent souple et divers, l'ex-
traordinaire virtuosité réservait tant de surprises à ceux qui dès les
premiers jours suivirent avec intérêt ce « pensionnaire » que l’Aca-
démie de France à Borne s’étonne d’avoir nourri...

Que de noms on pourrait rappeler encore ! Que le souvenir de
tous les nobles ouvrages, qui ont jalonné à travers ces quarante
années la route poudreuse et encombrée où nous avons suivi l’art
français, mette un peu de gloire sur les pierres sans beauté qui les
abritèrent quelques semaines et qui vont redevenir moellons....
Et puisse le dernier Salon nous réserver la surprise de quelques
autres œuvres où nous reconnaîtrons à des signes certains cette
beauté — supérieure à toutes les catégories d’écoles et de systèmes —
que communiquent au travail de tout bon ouvrier sa conscience et
son amour,

AÎNDRÉ MICHEL
 
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