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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Blochet, Edgar: Les miniatures des manuscrits musulmans, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0306

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282

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

plus intéressantes et des plus importantes. Moins heureuse que l’ar-
chéologie, qui dispose de puissants moyens de vulgarisation et d’un
large public, la peinture orientale n’est guère connue en Europe
que par les personnes qui, par goût ou par métier, passent leur
temps à feuilleter et à lire les vieux manuscrits. L’opinion défavo-
rable que l’on se fait, a priori d’ailleurs et sans aucune raison, non
seulement des Orientaux eux-mêmes, mais encore de tout ce qui
sort de leur esprit et de leurs mains, n’a pas peu contribué à
encourager cette indifférence envers le seul art plastique de la plus
grande partie de l’Asie, le monde musulman.

.le n’ai [tas d’autre ambition que celle d’exposer très brièvement
quelques remarques sur l’art musulman, remarques qu'il m’a été
donné de faire alors que je commençais à dresser un catalogue des
miniatures orientales de la Bibliothèque Nationale. Cet article est
loin d'avoir la prétention d’épuiser un sujet aussi vaste, et nous le
restreindrons aux peintures qui servent à l’illustration et à l’orne-
mentation des manuscrits. C’est presque le seul genre de peinture
que connaissent les Orientaux, les tableaux proprement dits n’étant
guère que l'exception et, en tout cas, étant très rares dans les collec-
tions occidentales h

Ces miniatures ne sont pas seulement intéressantes au point
de vue purement artistique, elles valent encore comme docu-
ments historiques,, en nous montrant sur le vif les coutumes
et les habitudes des Orientaux. Il est certain qu'il ne faut user
de ces documents qu'avec la plus extrême prudence ; tantôt, il ne
faut considérer les miniatures d'un manuscrit, que comme des
documents contemporains de l’époque à laquelle il a été écrit et
illustré, et ne pouvant jeter aucune lumière sur les coutumes et les
habillements de l'époque à laquelle le livre a été composé. C’est
une chose bien évidente, et personne ne songerait sérieusement à
aller chercher le portrait ou le costume d’Alexandre le Grand ou de
Darius dans les Livres des Rois illustrés et dans les Nizâmi, où ces
souverains sont représentés vêtus et armés comme les Mongols du
xv° siècle. Ce serait aussi imprudent que de prendre pour réels

1. Il est regrettable que Ton ait toujours illustré les livres orientaux traduits
en français, tels que les Mille et une Nuits et les Mille et un Jours, à l’aide de com-
positions dues certainement à des artistes de talent, mais qui n’ont qu’un défaut,
celui de représenter des Turcs de Constantinople, quand il s’agit de Persans de
Bagdad ou d’Arabes de la Mecque. Un artiste qui s’inspirerait, sans les copier, des
miniatures persanes, ferait une œuvre autrement remarquable.
 
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