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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Touraniens; la mort de Sohrâb tué par son père Roustem ; Syavush,
accusé d’inceste par sa belle-mère, passant à cheval à travers un
bûcher, pour démontrer son innocence ; Roustem domptant son
cheval Rakhsh ; les combats du même Roustem contre les nombreux
démons qui veulent l’empêcher d’aller délivrer le roi Kaî-Kâûs, la
lutte d’Isfendyâr contre le Simourgh, le prototype du rokh des Mille
et une Nuits ; la mort d’Isfendyâr, frappé d'une flèche dans l’œil par
Roustem ; la mort de ce dernier, qui tombe avec son cheval sur des
lances, sur lesquelles tous deux s'enferrent ; les chasses de Bahram
Goûr avec la joueuse de harpe Azàdeh ; les luttes de Khosrav Perviz
contre Bahram Tchoubineh, et enfin la mort de Yezdegerd, assassiné
à Merv par un meunier chez qui il avait cherché un refuge après
la destruction définitive de son armée.
Les premières pages des manuscrits persans à miniatures, ainsi
que les titres des différentes parties du livre, sont généralement
décorés avec une rare perfection. Il ne reste de la page qu’un
rectangle extrêmement étroit, où sont écrites les premières lignes
de l’ouvrage, tandis que tout le reste est occupé par une riche
enluminure où dominent le bleu, le rouge et l’or. La formule
initiale de tous les livres musulmans: « Au nom du Dieu clément
et miséricordieux, » ainsi que les titres des différentes parties de
l’ouvrage, sont inscrits dans des vignettes en or et en couleur,
d’un travail souvent merveilleux. Dans quelques manuscrits parti-
culièrement soignés, ceux des Divans, par exemple, on trouve les
noms des différentes sections qui les composent inscrits dans une
série de cercles richement coloriés, et dont l’assemblage forme une
rosace de l’effet le plus harmonieux. Ces ornements sont bien supé-
rieurs en Perse à ce qu’ils sont chez les Arabes, et les artistes
iraniens y emploient des couleurs plus variées.
11 y a peu de manuscrits persans anciens ornés de miniatures ;
ce fait n’a rien d’étonnant quand on sait qu’il y a peu de manuscrits,
même sans illustrations, antérieurs aux Mongols descendants de
Djingiz Khan. Une des premières causes d’anéantissement des
grandes bibliothèques royales et princièrcs de Perse fut la terrible
révolte des Ghozzes, arrivée sous le règne du sultan Sindjâr; mais
rien ne fut comparable au saccage et au pillage dont la Perse fut
le théâtre lors de l’invasion mongole. Les Mongols d’Hoûlâgoû et
d’Abàgâ étaient loin d’être des lettrés ou des artistes respectueux des
chefs-d’œuvre répandus à profusion dans les bibliothèques de Perse.
Les historiens qui racontent ces invasions les accusent d’avoir dé-
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Touraniens; la mort de Sohrâb tué par son père Roustem ; Syavush,
accusé d’inceste par sa belle-mère, passant à cheval à travers un
bûcher, pour démontrer son innocence ; Roustem domptant son
cheval Rakhsh ; les combats du même Roustem contre les nombreux
démons qui veulent l’empêcher d’aller délivrer le roi Kaî-Kâûs, la
lutte d’Isfendyâr contre le Simourgh, le prototype du rokh des Mille
et une Nuits ; la mort d’Isfendyâr, frappé d'une flèche dans l’œil par
Roustem ; la mort de ce dernier, qui tombe avec son cheval sur des
lances, sur lesquelles tous deux s'enferrent ; les chasses de Bahram
Goûr avec la joueuse de harpe Azàdeh ; les luttes de Khosrav Perviz
contre Bahram Tchoubineh, et enfin la mort de Yezdegerd, assassiné
à Merv par un meunier chez qui il avait cherché un refuge après
la destruction définitive de son armée.
Les premières pages des manuscrits persans à miniatures, ainsi
que les titres des différentes parties du livre, sont généralement
décorés avec une rare perfection. Il ne reste de la page qu’un
rectangle extrêmement étroit, où sont écrites les premières lignes
de l’ouvrage, tandis que tout le reste est occupé par une riche
enluminure où dominent le bleu, le rouge et l’or. La formule
initiale de tous les livres musulmans: « Au nom du Dieu clément
et miséricordieux, » ainsi que les titres des différentes parties de
l’ouvrage, sont inscrits dans des vignettes en or et en couleur,
d’un travail souvent merveilleux. Dans quelques manuscrits parti-
culièrement soignés, ceux des Divans, par exemple, on trouve les
noms des différentes sections qui les composent inscrits dans une
série de cercles richement coloriés, et dont l’assemblage forme une
rosace de l’effet le plus harmonieux. Ces ornements sont bien supé-
rieurs en Perse à ce qu’ils sont chez les Arabes, et les artistes
iraniens y emploient des couleurs plus variées.
11 y a peu de manuscrits persans anciens ornés de miniatures ;
ce fait n’a rien d’étonnant quand on sait qu’il y a peu de manuscrits,
même sans illustrations, antérieurs aux Mongols descendants de
Djingiz Khan. Une des premières causes d’anéantissement des
grandes bibliothèques royales et princièrcs de Perse fut la terrible
révolte des Ghozzes, arrivée sous le règne du sultan Sindjâr; mais
rien ne fut comparable au saccage et au pillage dont la Perse fut
le théâtre lors de l’invasion mongole. Les Mongols d’Hoûlâgoû et
d’Abàgâ étaient loin d’être des lettrés ou des artistes respectueux des
chefs-d’œuvre répandus à profusion dans les bibliothèques de Perse.
Les historiens qui racontent ces invasions les accusent d’avoir dé-