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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Le portrait de Bertin l'aîné par Ingres
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0360

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

donner aux seconds le monopole de la vie et ne concéder aux pre-
miers que l’art des réminiscences archaïques.

Le portrait de Bertin représente, dans toute leur force souveraine,
les larges formes, l’ample figure, les traits dédaigneusement graves
du journaliste qui donna, le premier, à un journal la puissance re-
doutable d’une machine déjà parfaite à sa naissance. Au Salon de 1833,
le succès fut immense. Gustave Planche s’extasiait, avec la foule, de-
vant « la réalité des étoffes, la saillie du fauteuil, l’attitude si simple
et si puissante ». « Si la main inconnue à qui nous devons la tête
d'Ajax, disait-il, voulait ciseler le marbre d’après un pareil modèle,
elle n’aurait rien à regretter et se passerait de la nature. » — « Les
épaules sont impérieuses, reprenait plus tard Edmond About, la
figure est d’un relief surprenant : on en ferait le tour. » — Et
Théophile Gautier avait vu de plus haut encore la majesté de ce
style appliqué à une effigie du tiers-état : « N’est-ce pas la révélation
de toute une époque que cette magnifique pose de M. Bertin, ap-
puyant, comme un César bourgeois, ses belles et fortes mains sur
ses genoux puissants, avec l’autorité de l’intelligence, de la richesse
et de la confiance en soi? Quelle tête bien organisée ! Quel regard
lucide et mâle !... Remplacez la redingote par un pli de pourpre, ce
sera un empereur romain ou un cardinal. »

Enfin, lorsque Charles Blanc faisait paraître chez nous sa Gram-
maire des Arts du Dessin 1, comme lorsqu’il publiait son étude sur
Ingres, il assurait uue survivance de célébrité au Portrait de Bertin
TaînéL’œuvre fut revue à l’Exposition universelle de 1853 et prêtée
en 1872 à l’exposition dite des Alsaciens-Lorrains et à celle des
Portraits du siècle.

Bienvenue soit-elle dans le Musée du Louvre où, cinquante ans
seulement après leur mort, — tant nous sommes inquiets devant les
grandes proportions du passé — les maîtres de ce siècle trouvent la
gloire et la sérénité!

1. Gazette des Beaux-Arts, lre pér., t. XXI, p. 245.

2. Gazette des Beaux-Arts, lre pér., t. XXIV, p. il.

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