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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0386

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352

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

d’Iphigénie ; une belle nature morte de Dubuisson; deux gracieux pendants de
Philippe van Loo : la famille de l’artiste avec la Lanterne magique et cette même
famille s’amusant à souffler des bulles de savon; du même encore, la princesse
Ferdinand de Prusse, en beau costume de pèlerine, la princesse Henri de Prusse
en riches atours, tenant un masque à la main, et l'École d’Athènes; enfin, la
Toilette et la Surprise, de Charles-Antoine Coypel ; et de Noël-Nicolas Coypel,
Renaud et Armide ainsi que le Groupe d’Amours de ce tableau.

De tout ce qui précède, il ressort que Frédéric II fut un des plus zélés mé-
cènes de l'art français au xvme siècle. Quelques chiffres feront encore mieux
apprécier ce goût si prononcé pour nos maîtres d’alors. En ce qui concerne Pesne,
il est difficile, sinon impossible, de fixer un nombre déterminé, tant les œuvres
du peintre officiel de la cour abondent dans les palais et châteaux de Prusse et
tant les productions de son atelier se mêlent aux travaux personnels. Les
Watteau sont au nombre de quinze (y compris les trois du Musée royal) ;
puis viennent vingt-sept Lancret, trente-six Pater, quatre Chardin, un François
de Troy, six de Troy fils, un Doucher, trois N.-N. Coypel, deux Charles-Antoine
Coypel, trois Nattier, un Rigaud, un Latour, trois Carie van Loo, deux La Fosse,
quatre Raoux, six Case, un Lesueur, un Le Brun, un Largillière, plusieurs Bou-
logne père et fils, deux F. Dufresnoy, enfin un Mignard, Louis XIV à cheval. Ce
relevé ne doit pas être considéré comme absolument définitif. M. Seidel, qui a
bien voulu nous le communiquer, se réserve de le compléter par de nouvelles
recherches à travers les huit mille tableaux qui composent le riche trésor des
résidences royales.

Ce goût pour nos peintres se refroidit chez Frédéric II, à beige où les pensées
légères de la jeunesse cèdent la place aux préoccupations de la maturité. En
1754, il écrit àDarget qui lui proposait dix Lancret :

« Quant aux tableaux dont vous me parlez, je vous dirai que je ne suis plus
dans ce goût-là, où plutôt j’en ai assez dans ce genre. J’achète à présent volontiers
des Rubens, des van Dyck, en un mot les tableaux des grands peintres, tant de
l’École flamande que de l’École française. Si vous en savez quelqu’un à vendre,
vous me ferez plaisir de me l’indiquer. »

Pour se conformer aux ordres royaux, Darget achète l'année suivante, au
compte de Frédéric II, la Léda du Corrège, conservée au Musée de Berlin. Peut
être la visite delà galerie de Dresde contribua-t-elle à cette conversion du royal
amateur : il y put admirer nombre des plus belles œuvres de l’École italienne et
de l’Ecole flamande. D’Argens ne peut contenir l’expression de sa douleur lors-
qu’il apprend que le roi a payé un van der Werff dix mille francs. En 1764, ce
sont les maîtres italiens qui semblent l’emporter ; Frédéric II écrit à Algarotti :
« Je dis à leur égard et à celui des peintres français ce que Boileau disait des
poètes : Jeune, j’aimais Ovide ; vieux, j’estime Virgile. »

Il convient peut-être de se féliciter de ce revirement dans la capricieuse
fantaisie du collectionneur. Trop d’œuvres françaises ont pris le chemin du Nord,
au détriment de nos musées et de nos cabinets ; que serait-ce si Frédéric ne s’en
était pas un peu lassé ? Que nous resterait-il de ces gracieux et élégants inter-
prètes du galant xvine siècle ?

C. E.

L’Administrateur-gérant : J. ROUAM.

PAUL-. — IM P. GEORGES PEUT. 12, RUE GODOT-DE-MAUR 01
 
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