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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
règlement définitif eut lieu le 24 juin, sur le pied de 635.419 livres
12 sous *, et la réception le 28 septembre2.
La Ville de Paris, en même temps qu’elle faisait un marché avec
Pigalle, avait consenti la résiliation de celui de Bouchardon et payé
dix mille livres à François Girard, bourgeois de Paris, mari de
Marie-Thérèse Bouchardon, sœur et légataire universelle du sculp-
teur, pour règlement définitif de 190.000 livres, chiffre auquel fut
arrêté le compte. En outre, elle accordait à Mme Girard une pen-
sion viagère de 600 livres, pour lui témoigner sa reconnaissance
de l’œuvre de son frère, proclamée « le morceau le plus achevé et
le plus parfait en ce genre qu’il y ait dans le monde entier3».
Et maintenant, faut-il attribuer une part quelconque à Bouchar-
don dans l’exécution du piédestal ? En d’autres termes, à quel degré
d’avancement ses travaux étaient-ils arrivés quand la mort le sur-
prit? Le comte de Caylus affirme que les ornements étaient terminés
et arrêtés, et même les trophées déjà coulés; mais c’était la moindre
partie des travaux : les deux bas-reliefs, et surtout les cariatides,
constituaient la principale.
Pour ce qui est des bas-reliefs, il n’y a pas de doute possible :
Bouchardon n’avait fait que l'ébauche d’un seul, celui qui repré-
sentait le roi sur un char de triomphe, couronné par la Victoire,
etc. ; c’est Mariette qui le dit4. Caylus prétend même qu’ils étaient
tous deux sans projet, « leur composition étant soumise à la situation
des affaires politiques » au moment où aurait lieu l’érection de la
U Arcli. Nat., H, 2100.
2. Arcli. Nat., H, 2180. — Voici le post-scriptum d'une lettre écrite par
Cochin à M. de Marigny, le 17 octobre 1766, rendant compte de la fonte de deux
cariatides : et M. Pigalle a eoûlé hier au soir deux des figures du piédestal de la
statue du Roy. Ce n’a pas été sans un mouvement de crainte très violent. Il a falû
plusieurs efforts pour enfoncer le tampon ; enfin, entièrement débouché, la ma-
tière est venue avec tant d'abondance et de vitesse que quelques-uns des hommes
qui devoieni tenir bouchés les conduitz, pour ne les laisser emplir que succes-
sivement ont perdu la teste et les ont débouchés trop tôst. La matière ayant
commencé à y entrer, il a falû s’abandonner à la Providence et laisser continuer
de couler. Heureusement, la matière étant très chaude, il paroist, a tout empli,
et M. Pigalle a lieu de croire que rien n’est manqué,‘parce que la matière a bien
reflué par tous les events. Il sera cependant encore plusieurs jours sans en avoir
une certitude entière. » (Arc-h. Nat., O1 1909.)
3. Arcli. Nat., II, 2160; délibérations du Bureau de la Ville, des 26 et
28 avril 1763. — Mmc Girard était alors la seule survivante des frères et sœurs de
Bouchardon.
4. Mariette, Description des travaux, etc-., p. 162,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
règlement définitif eut lieu le 24 juin, sur le pied de 635.419 livres
12 sous *, et la réception le 28 septembre2.
La Ville de Paris, en même temps qu’elle faisait un marché avec
Pigalle, avait consenti la résiliation de celui de Bouchardon et payé
dix mille livres à François Girard, bourgeois de Paris, mari de
Marie-Thérèse Bouchardon, sœur et légataire universelle du sculp-
teur, pour règlement définitif de 190.000 livres, chiffre auquel fut
arrêté le compte. En outre, elle accordait à Mme Girard une pen-
sion viagère de 600 livres, pour lui témoigner sa reconnaissance
de l’œuvre de son frère, proclamée « le morceau le plus achevé et
le plus parfait en ce genre qu’il y ait dans le monde entier3».
Et maintenant, faut-il attribuer une part quelconque à Bouchar-
don dans l’exécution du piédestal ? En d’autres termes, à quel degré
d’avancement ses travaux étaient-ils arrivés quand la mort le sur-
prit? Le comte de Caylus affirme que les ornements étaient terminés
et arrêtés, et même les trophées déjà coulés; mais c’était la moindre
partie des travaux : les deux bas-reliefs, et surtout les cariatides,
constituaient la principale.
Pour ce qui est des bas-reliefs, il n’y a pas de doute possible :
Bouchardon n’avait fait que l'ébauche d’un seul, celui qui repré-
sentait le roi sur un char de triomphe, couronné par la Victoire,
etc. ; c’est Mariette qui le dit4. Caylus prétend même qu’ils étaient
tous deux sans projet, « leur composition étant soumise à la situation
des affaires politiques » au moment où aurait lieu l’érection de la
U Arcli. Nat., H, 2100.
2. Arcli. Nat., H, 2180. — Voici le post-scriptum d'une lettre écrite par
Cochin à M. de Marigny, le 17 octobre 1766, rendant compte de la fonte de deux
cariatides : et M. Pigalle a eoûlé hier au soir deux des figures du piédestal de la
statue du Roy. Ce n’a pas été sans un mouvement de crainte très violent. Il a falû
plusieurs efforts pour enfoncer le tampon ; enfin, entièrement débouché, la ma-
tière est venue avec tant d'abondance et de vitesse que quelques-uns des hommes
qui devoieni tenir bouchés les conduitz, pour ne les laisser emplir que succes-
sivement ont perdu la teste et les ont débouchés trop tôst. La matière ayant
commencé à y entrer, il a falû s’abandonner à la Providence et laisser continuer
de couler. Heureusement, la matière étant très chaude, il paroist, a tout empli,
et M. Pigalle a lieu de croire que rien n’est manqué,‘parce que la matière a bien
reflué par tous les events. Il sera cependant encore plusieurs jours sans en avoir
une certitude entière. » (Arc-h. Nat., O1 1909.)
3. Arcli. Nat., II, 2160; délibérations du Bureau de la Ville, des 26 et
28 avril 1763. — Mmc Girard était alors la seule survivante des frères et sœurs de
Bouchardon.
4. Mariette, Description des travaux, etc-., p. 162,