Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Marx, Roger: Les Goncourt et l'art, 3
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0446

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
410

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

mais à lamanière qui convient à ma patrie : par les idées, par le langage,
par la gloire, par les grands hommes, par les tragédies, par les tableaux,
par les statues, et jusque par les modes, populaires par l’Europe le lende-
main comme la veille de Rôsbach... Siècle où les batailles eurent des
violons, les bastilles des maisons de Beaumarchais dans leurs fossés...
Siècle où derrière Moreau il y a Chardin... Siècle qui entoura sa vie privée
du gracieux, de l’élégant, du beau, semblable à ces vieillards qui aiment
les fleurs autour de leur vieillesse... Siècle plein de la femme et de sa
caressante domination sur les mœurs... Siècle tout humain qui parlera au
cœur des hommes des autres siècles, comme l’Alcibiade de Plutarque.

La réunion, sous un titre collectif1, des treize monographies clas-
siques (Les Saint-A ubin, Watteau, Priai'hon, Boucher, Greuze, Chardin,
Fragonard, Debucourt, La Tour, Gravelot, Cochin, Eisen, Moreau),
ne groupe qu’une faible partie de ce que les Goncourt ont écrit sur
les œuvres et les maîtres de l’àge passé; c’est en dehors même de
cette publication à travers les études sociales (Histoire de la Société
;vendant la Révolution, pendant le Directoire, La Femme au
dix-huitième siècle), biographiques [Madame de Pompadour, La Du
Barnj, Marie-Antoinette, Portraits intimes), que se poursuit leur
histoire de l'art au xvme siècle. A la recomposer ainsi dans son
ensemble, elle prend toute sa signification, qui est essentielle;
l’analyse subtile des tendances et des individualités s’y subordonne
à une intelligence souveraine de l’époque ; le soin de la documen-
tation inédite et renseignée ne le cède point à l’extraordinaire pres-
tige d’une langue « exprimant le détail des arts, du dessin, si peu
accessibles au style » (Michelet). Sans revenir sur la sûreté du
diagnostic, sur l’avantage assuré aux appréciations techniques
par compétence de praticiens 2, l’effort des Goncourt se trouve une

\. L’Art au dix-huitième siècle. L’édition définitive est celle publiée par Char-
pentier, 3 volumes in-18 (Paris, 1881); elle est complétée par les Catalogues de
l’œuvre de Watteau et de Prud'hon, par Edmond de Concourt, 2 volumes in-8°
(Paris, Rapilly, 1875 et 1876).

2. « Leurs études sont des analyses techniques et consciencieuses qui sup-
posent un regard d’ouvrier savant dans la partie..., attestent une entente péné-
trante et quotidienne du métier » (Paul Bourget). -— Sainte-Beuve disait du style
des Goncourt qu’il « attrapait le mouvement dans la couleur » et nous avons
remarqué ailleurs « que seuls des peintres-écrivains pouvaient éveiller des sen-
sations aussi délicates et aussi puissantes de lumière, de mouvement, de nuances,
définir, avec un tel succès, l’enveloppement d’une salle d’hôpital dans la pénom-
bre (Sœur Philomène), la plastique de l’acrobatie (Les Frères Zemganno), le tour-
noiement de la valse (Renée Mauperin), caractériser enfin le style d’une toilette
de femme, qu’il s’agisse de la Fille Élisa ou de Chérie. »
 
Annotationen