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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Marx, Roger: Les Goncourt et l'art, 3
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0448

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412

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

les Goncourt et Thoré 1 ont commenté la première par le détail, et,
à leur exemple, Théophile Gautier, Paul de Saint-Victor., Edmond
About même se sont pris à dessiller les yeux, à rendre aux maîtres
dédaignés un légitime tribut de gloire ; la seconde exposition a été
étudiée ici même magnifiquement par M. Philippe de Chennevières,
lequel n’a pas manqué de rendre justice aux merveilles de ses amis
d'Auteuil2. A M. de Chennevières encore il appartint de prononcer,
dans le catalogue de vente, l’adieu à la collection fameuse : il a
dit de quelle manière et à quel moment elle s’était formée ; il a
rapproché les Goncourt des écrivains-collectionneurs de dessins,
des Vasari, des Baldinucci, des Mariette ; il a rappelé comment
M. Reiset eut recours à la clairvoyance infaillible des deux frères,
pour le classement des dessins français du Louvre... Nul hommage
n’était mieux fait pour agréer à la mémoire des Goncourt.

D’après la théorie que Viollet-le-Üuc a faite sienne (et qui explique
la composition, le classement et le titre du musée de sculpture com-
parée), le génie se développe chez les peuples selon des lois iden-
tiques, et de là viennent les analogies offertes par des créations de
dates ou de civilisations différentes. En France et au Japon, l’art sui-
vit une évolution assez parallèle pour revêtir, vers le même instant,
des caractères semblables, et, là-bas comme ici, le xvui® siècle fut
Père de l’élégance et du charme. La loyale logique de Goncourt les em-
pêcha de séparer dans leur admiration des ouvrages nés sous des
latitudes opposées, mais parents par l’inspiration et la recherche de
délicatesse ; ils préconisèrent dans le même temps et avec la même
spontanéité chaleureuse la remise en honneur de l’école française
et la découverte de l’art extrême-oriental. Une eau-forte de Jules
représente une chimère de bronze, acquise, en 1851, chez Mallinet,
et on n’éprouverait point d’embarras à signaler dans les premiers
écrits des Goncourt les fréquents témoignages d’une prédilection que
les années devaient sans cesse accroître. Pour juger sans parti pris
leur initiative, il suffit de se reporter au moment qui la vit se pro-
duire. Vers le milieu du siècle, les rares japonisants se nommaient

1. Les articles d’Edmond et Jules de Goncourt ont paru dans les nos 6, 10,
15 et 16 du Temps illustré, 1860 ; ceux de Thoré dans la Gazette des Beaux-Arts,
lre pér., t. VII, p. 257-277 et 333-358.

2. Les Dessins des maîtres anciens exposés et l'École des Beaux-Arts (Gazette des
Bcàux- Arts. t. XX, 2° pér., p. 186-211 et 297-302). Des dessins de la collection des
Goncourt ont encore ligure à l’Exposition de l’Art du xvme siècle, chez Georges
Petit, en 1885.
 
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