Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 17.1897)

UNE NOUVELLE ILLUSTRATION DES ÉVANGILES 423

aveulie, empreinte d'une sensiblerie puérile et d’une monotonie com-
merciale indéniables. On ne s’étonna donc pas et peu se scandali-
sèrent lorsque, en réaction contre cette basse imagerie, dont Schnorr
et Overbeck ont donné le modèle, l’école contemporaine poussa la
licence jusqu’à transporter dans le cadre de notre vie moderne les
tableaux évangéliques : une fois de plus, on ne voulut voir qu’un
sentiment intrinsèque fort douteux dans ces anachronismes, commis
sciemment par des artistes bien renseignés; la figure de Jésus se

A MI-COTE DU .MO A T DES O L I V I E U S
(Dessin de M. J. Tissol)

trouva rapprochée de celles de paysans de nos campagnes, fut pro-
menée de l’auberge et du jardin public au cabinet particulier et à la
mansarde. L’art industrieux de piquer la curiosité du public alla
jusqu’à fausser l’ordonnance, restée jusque-là majestueuse, des
scènes du Calvaire, et à infliger aux traits du Christ les stigmates des
plus repoussantes misères physiologiques ; ainsi le voulait la théorie
de l'art pour l'art, et voilà le résultat inattendu auquel aboutissait
l’effort des hauts esprits qui réhabilitèrent Rembrandt, il y a une
cinquantaine d’années, et crurent épurer le goût et la morale en
ouvrant à fonction religieuse des émotions nouvelles, inconnues
jusque-là aux races latines.

Cependant, la dernière moitié de ce siècle a élevé la critique
historique à la hauteur d’une science exacte, sans dépouiller aucune