GAZETTE DES BEAUX-ARTS
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épopée, aucune thaumaturgie de sa poésie accumulée. Laissons de
côté le gros mot incompris de rationalisme ; il demeure évident que
la raison a fort doucement revendiqué des droits, qui n’amoin-
drissent ni ceux de l’imagination, ni ceux du recueillement. Il est
devenu possible de recomposer la vérité historique et géographique,
et quelques artistes se sont proposé de replacer les scènes évangéli-
ques dans leur cadre naturel, non par vain souci de « couleur locale »,
d’érudition ou d’exotisme, mais par simple et vertueuse bonne foi.
Si je n’avais hâte d'arriver à la plus récente des tentatives de ce
T Y P £ J U IF 11 E J K H U S A L Iî M
Dessin ,1e M. i. Tissol)
genre — à l’illustration, désormais célèbre, que M. James Tissot a
composée pour les Evangiles, — peut-être aurais-je la tentation de
revenir sur le louable essai que ht Bida ; son œuvre vénérable
n’est, à vrai dire, que d’une demi-véracité, non dégagée de transac-
tions, peu soucieuse du décor infiniment triste et tendre de l’Orient
biblique; je rappellerais les tableaux de M. Yereschagin qui, moins
heureux, encourut un jour, en Autriche, la censure ecclésias-
tique, etc. ; mais l’œuvre de M. J. Tissot, aujourd’hui en cours de
publication, marque une date critique, par le sceau d’authenticité
qu’elle porte à la plupart de ses feuillets.
Disons-le tout de suite : il s’agit d’illustrations au sens ancien
du mot, sinon d’enluminures, et l'art pour l’art n’a rien à taire ici.
Lorsque, en 1895, M. J. Tissot exposa au Salon du Champ-de-Mars
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épopée, aucune thaumaturgie de sa poésie accumulée. Laissons de
côté le gros mot incompris de rationalisme ; il demeure évident que
la raison a fort doucement revendiqué des droits, qui n’amoin-
drissent ni ceux de l’imagination, ni ceux du recueillement. Il est
devenu possible de recomposer la vérité historique et géographique,
et quelques artistes se sont proposé de replacer les scènes évangéli-
ques dans leur cadre naturel, non par vain souci de « couleur locale »,
d’érudition ou d’exotisme, mais par simple et vertueuse bonne foi.
Si je n’avais hâte d'arriver à la plus récente des tentatives de ce
T Y P £ J U IF 11 E J K H U S A L Iî M
Dessin ,1e M. i. Tissol)
genre — à l’illustration, désormais célèbre, que M. James Tissot a
composée pour les Evangiles, — peut-être aurais-je la tentation de
revenir sur le louable essai que ht Bida ; son œuvre vénérable
n’est, à vrai dire, que d’une demi-véracité, non dégagée de transac-
tions, peu soucieuse du décor infiniment triste et tendre de l’Orient
biblique; je rappellerais les tableaux de M. Yereschagin qui, moins
heureux, encourut un jour, en Autriche, la censure ecclésias-
tique, etc. ; mais l’œuvre de M. J. Tissot, aujourd’hui en cours de
publication, marque une date critique, par le sceau d’authenticité
qu’elle porte à la plupart de ses feuillets.
Disons-le tout de suite : il s’agit d’illustrations au sens ancien
du mot, sinon d’enluminures, et l'art pour l’art n’a rien à taire ici.
Lorsque, en 1895, M. J. Tissot exposa au Salon du Champ-de-Mars