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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 6
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Tourneux, Maurice: L' exposition des portraits de femmes et d'enfants à l'École des Beaux-Arts
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0496

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456

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

du moins pris de sa gloire un souci qui a manqué à presque tous ses
contemporains, et ses Souvenirs nous ont conservé la liste complète,
ou peu s’en faut, des portraits qu’elle a peints sous toutes les latitudes.
On y retrouverait les noms de la marquise de Guiches, de Stanislas
d’Àndlau, de Mlle Duthé, de Mme Vestris, de la princesse de Talleyrand.

Si des déceptions trop nombreuses sont réservées ici à ceux qui
demandent au portrait d’être un auxiliaire de l’histoire, des exhibi-
tions de la nature de celle-ci ont presque toujours l’avantage de
remettre en lumière quelques-uns de ces oubliés ou dédaignés qui,
au siècle dernier et au début de celui-ci, pourraient s’appeler Légion.
Ainsi émergent aujourd’hui de l’ombre Leclercq, avec un portrait
da Sophie Arnould, daté de 1776, et Garnier, avec Une jeune femme
jouant de la harpe. Ils n’ont trouvé place, ni l’un ni l’autre, dans le
dénombrement jadis tenté par Bellier de la Chavignerie de ces
minores qui, pour la plupart, ne méritaient pas un si injuste destin,
mais son Dictionnaire posthume nous apprend que Michel Garnier,
élève de Pierre, a pris part aux Salons de la République par des
sujets de genre et que, — s'il n’y a point ici quelque confusion, —
il aurait reparu au Salon de 1814 avec une collection de peintures
d’histoire naturelle. Bellier et son continuateur Auvray ont ignoré
les dates de naissance et de mort de Michel Garnier. Le catalogue
croit savoir qu’il mourut nonagénaire en 1849. Un supplément
d’informations s’imposerait ici. Contentons-nous de noter que le
tableau lin prêté par M. Porgès est daté de 1788 et que Michel
Garnier, mieux favorisé par le sort, aurait pu devenir pour Boilly
un redoutable concurrent.

Celui-là n’a jamais été un oublié, mais il a été trop longtemps
un dédaigné. Singulière destinée que celle des artistes qui n’ont
voulu voir que ce qu’ils avaient sous les yeux! Leurs contemporains
les traitent comme de simples amuseurs, et c’est d’ordinaire au bout
d'un siècle qu’on leur rend justice. Boilly est un mémorable exemple
de cette inconstance de nos jugements. En attendant le livre très
documenté que prépare sur lui M. Henry Harrisse, il nous faut
accepter sous bénéfice d’inventaire le nom de Mme Tallien qui décore
le n° 13 et tenir pour article de foi que le n° 16 est le portrait de la
seconde femme de Danton (Louise-Sébastienne Gély). L enfant placé
à côté d’elle est Antoine Danton, né du premier mariage du tribun.
Exposée en 1793 et gravée par Tresca sous ce titre : U Optique, cette
toile est, à part son intérêt historique, au nombre des petits chefs-
d’œuvre de Boilly.
 
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