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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 17.1897

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Nr. 6
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Ritter, William: La sécession, le Salon: correspondance de Vienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.28018#0568

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518

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

innombrables peintres de fleurs. Puisque nous en sommes à signaler ces excel-
lents exercices de difficulté vaincue, du reste non dénués d’une véritable poésie,
il est impossible de ne pas s’arrêter devant les motifs très pittoresques, choisis
par M. Isidor Kaufmann, dans de très anciennes et très ignorées synagogues de
Moravie ou de Galicie : bancs antiques polis par le frottement, luisants comme
de vieux vêtements usés jusqu’à la corde, rayons chargés de vieux bouquins
hébraïques aux reliures dépenaillées... On peut préférer tout autre motif à ces
sortes de natures mortes, et toute facture puissante à ce rendu minutieux, la
science sure d’elle-même de ces tableautins n’en exige pas moins qu’on leur
fasse grâce de tout blâme; cet art rendrait des points aux aquarelles gouachées
de M. Menzel, et c’est ni plus ni moins le nom de van der Meer de Delft qu'il
faut prononcer à propos de certains recoins, accessoires et intérieurs de syna-
gogues par ce peintre nouveau venu.

Aux antipodes de cette façon de procéder, voici, comme chaque année, le
groupe excellent des Polonais et des Tchèques, honneur de la section autri-
chienne à toutes les expositions étrangères, aussi bien qu’honneur de tous les
Salons viennois : M. Kanopa, avec un portrait de gommeux (à Vienne, nous
disons gigerl) en gris, sur fond bleu, très remarqué parce qu’il donne pour la pre-
mière fois ici un écho de la peinture des meilleurs continuateurs de M. Whistler,
MM. Alexander et de la Gandara ; certaines qualités de psychologie satirique
ajoutent heureusement quelque chose de moins problématique à cette originalité,
qui n’en est une qu’à Vienne. Du même auteur, une Adoration de l'Enfant Jésus, sur
les bras de la Vierge, par des petits paysans en plein champ, est une œuvre de
bien meilleur aloi et de sincérité bien moins discutable. M. Augustinowicz est beau-
coup plus sérieux; il faudra bientôt compter avec lui, car il met au service d’un
talent de portraitiste peu éloigné d’être de premier ordre, la fougue et la
vaillance à tous crins, —c’est le cas de le dire, en face de ce portrait de gentil-
homme terrien polonais, poivre-et-sel mêlé de roux, à moustache hirsute, — d'un
Matejko qui ne serait pas myope. M. Falat, toujours très estimable, nous montre,
sous prétexte de chasse à Tours, un effet de neige sous un ciel de très belle
clarté hivernale. M. Tomec continue à recueillir, dans les plus mélancoliques
régions de Bohême, sur les rives de la Beraun et aux environs de Kralove Bradée,
des paysages excessivement simples et poignants. M. Suppantchich choisit ses
motifs, généralement avec un égal bonheur, à Dürrnstein, peut-être le trou de
province le plus pittoresque de la Basse-Autriche, et dans les petites villes de
l'Italie, oubliées hors des grandes routes battues. Ces deux derniers artistes
s'associent pour mener à bien une grande vue lumineuse et très animée des
quais du Danube avant leur prochain bouleversement, et ce très bon morceau
de peinture sera bientôt un souvenir historique de la même valeur (et c’est un
gros éloge) que jadis le Neuermarkt, de Theodor von Hœrmann. M. Slavicek, lui
aussi, s’attache à décrire les sites tristes du pays de Bohême. Ses sous-bois et sa
grande église, dominant des campagnes désolées, quoique vertes, sont des impres-
sions éprouvées avec un sérieux et un fonds d’amertume oïi l’on sentie hussite...
autant qu’il est possible de sentir une tendance religieuse dans un paysage.

WILLIAM RITTER

(La suite 'prochainement.)
 
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