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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
FRISE DES VENDANGE l' R S
(Peinture do Th. Chassériau. — Palais do la Cour dos Comptes)
de Chassériau avaient pris l’aspect des encaustiques romaines, celles,
par exemple, qu’on découvre encore à Pompci ou sur le Palatin ;
elles étaient vénérables à l’égal de la Cène de Milan ou des fresques
de Luini et de Botticelli au Louvre. On a manqué à un devoir national
en ne les conservant pas par les mêmes procédés et avec la môme
sollicitude1, quand elles curent échappé au premier fléau qui les
consacra. Au moment où paraissent ces lignes, un effort est tenté
in extremis par l’initiative privée ; des opérateurs zélés détachent
fébrilement des murs de l’escalier les fragments dont nos lecteurs
ont la reproduction sous les yeux. Puisse une piété forcément tardive
avoir sa récompense !
Théodore Chassériau recevait à l’âge de vingt-cinq ans cette
énorme commande ; ou du moins, si jeune, il se voyait chargé par
l’Etat, d’assez mauvaise grâce, du soin de décorer la partie supé-
rieure de cet escalier d’honneur, au style assez mesquin, et se décidait
à décorer tout le vaisseau. Il y travailla quatre ans, de 1844- à 1848,
mais, le jour où il aborda sa tâche, le précoce artiste avait déjà fait
ses preuves et son goût, son style étaient fixés. Ses preuves, ce sont
bien les deux peintures de Saint-Merri, datées de 1843, où il se révèle
disciple accompli d’Ingres tout en dégageant du moule classique des
galbes si jeunes en leur grâce et si châtiés qu’ils commandent une
émotion inconnue au vieux maître : dans l’histoire de l'art français,
la Conversion et le Ravissement au ciel de sainte Marie /’Egyptienne,
peuvent à bon droit être considérés, de préférence à des compo-
sitions plus célèbres, comme des œuvres-types du style le plus aristo-
l.En 1882, un essai fut tenté et réussit à souhait : une tête de cheval, détachée
de la Guerre, fut enlevée et reportée sur toile sans difficulté, parles soins du minis-
tère des Beaux-Arts,
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
FRISE DES VENDANGE l' R S
(Peinture do Th. Chassériau. — Palais do la Cour dos Comptes)
de Chassériau avaient pris l’aspect des encaustiques romaines, celles,
par exemple, qu’on découvre encore à Pompci ou sur le Palatin ;
elles étaient vénérables à l’égal de la Cène de Milan ou des fresques
de Luini et de Botticelli au Louvre. On a manqué à un devoir national
en ne les conservant pas par les mêmes procédés et avec la môme
sollicitude1, quand elles curent échappé au premier fléau qui les
consacra. Au moment où paraissent ces lignes, un effort est tenté
in extremis par l’initiative privée ; des opérateurs zélés détachent
fébrilement des murs de l’escalier les fragments dont nos lecteurs
ont la reproduction sous les yeux. Puisse une piété forcément tardive
avoir sa récompense !
Théodore Chassériau recevait à l’âge de vingt-cinq ans cette
énorme commande ; ou du moins, si jeune, il se voyait chargé par
l’Etat, d’assez mauvaise grâce, du soin de décorer la partie supé-
rieure de cet escalier d’honneur, au style assez mesquin, et se décidait
à décorer tout le vaisseau. Il y travailla quatre ans, de 1844- à 1848,
mais, le jour où il aborda sa tâche, le précoce artiste avait déjà fait
ses preuves et son goût, son style étaient fixés. Ses preuves, ce sont
bien les deux peintures de Saint-Merri, datées de 1843, où il se révèle
disciple accompli d’Ingres tout en dégageant du moule classique des
galbes si jeunes en leur grâce et si châtiés qu’ils commandent une
émotion inconnue au vieux maître : dans l’histoire de l'art français,
la Conversion et le Ravissement au ciel de sainte Marie /’Egyptienne,
peuvent à bon droit être considérés, de préférence à des compo-
sitions plus célèbres, comme des œuvres-types du style le plus aristo-
l.En 1882, un essai fut tenté et réussit à souhait : une tête de cheval, détachée
de la Guerre, fut enlevée et reportée sur toile sans difficulté, parles soins du minis-
tère des Beaux-Arts,