THÉODORE C H A S S É RIA U
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F R I S E DES VEKDAKGELHS
(Peinture de Th. Chassériau. — Palais de la Cour des Comptes)
cratique et de la grâce la plus fière. L’escalier de la Cour des Comptes
est l’épanouissement de cette haute tradition, fécondée par la A ie.
Les compositions maîtresses de l’œuvre sont ce]les qui se déve-
loppent autour du grand palier en deux panneaux capitaux représen-
tant la Paix, la Guerre et des sujets annexes. De la Guerre, il ne reste
rien que des traces ; de la Paix, il subsiste un grand groupe bien
conservé; on devine des silhouettes, des fonds; on a le sentiment de
l’ordonnance la plus simple, la plus noble, la plus harmonieuse.
Que nos lecteurs se reportent, sur nos gravures, du projet au crayon
appartenant à M. A. Chassériau, qui vraiment est une admirable
première pensée, au groupe des femmes et des moissonneurs photo-
graphié récemment : quelque chose du parfum de poésie humaine
où baignait encore la composition il y a quinze ans deviendra per-
ceptible.
Ce dessin au crayon de la Paix est précieux pour pénétrer dans
le sentiment directeur et dans l’atmosphère de poésie sereine où
Chassériau se complut. C’est le trait ingresque, et ce sont les rythmes
antiques, mais tempérés, alanguis, si l’on veut, par une sorte de
morbidesse hautaine et de grâce lassée. En sorte que, près du style
d’Ingres, qui a la beauté du mode dorien, celui du disciple semble
avoir la mollesse et la volupté de la cadence ionienne. Sur la pein-
ture, voyez toute la partie de gauche, heureusement modifiée en un
groupe de mères heureuses et de travailleurs au repos dans les
gerbes : le dessin s’effile aux extrémités, le modelé reste ample et
rond ; les carnations sont chaudes et mates, parfois presque cuivrées ;
les types d’une mystérieuse gravité ; et de lourds bandeaux noirs
coupent l’ovale de ces visages de femmes où 1e peintre épris enferme
un odorant secret d’amour. Cette adorable figure protectrice des Arts
et des Travaux de la terre disparut de bonne heure des ruines; on dut
la marteler, pour qu’en s’écaillant elle ne viciât pas ses voisines. A sa
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F R I S E DES VEKDAKGELHS
(Peinture de Th. Chassériau. — Palais de la Cour des Comptes)
cratique et de la grâce la plus fière. L’escalier de la Cour des Comptes
est l’épanouissement de cette haute tradition, fécondée par la A ie.
Les compositions maîtresses de l’œuvre sont ce]les qui se déve-
loppent autour du grand palier en deux panneaux capitaux représen-
tant la Paix, la Guerre et des sujets annexes. De la Guerre, il ne reste
rien que des traces ; de la Paix, il subsiste un grand groupe bien
conservé; on devine des silhouettes, des fonds; on a le sentiment de
l’ordonnance la plus simple, la plus noble, la plus harmonieuse.
Que nos lecteurs se reportent, sur nos gravures, du projet au crayon
appartenant à M. A. Chassériau, qui vraiment est une admirable
première pensée, au groupe des femmes et des moissonneurs photo-
graphié récemment : quelque chose du parfum de poésie humaine
où baignait encore la composition il y a quinze ans deviendra per-
ceptible.
Ce dessin au crayon de la Paix est précieux pour pénétrer dans
le sentiment directeur et dans l’atmosphère de poésie sereine où
Chassériau se complut. C’est le trait ingresque, et ce sont les rythmes
antiques, mais tempérés, alanguis, si l’on veut, par une sorte de
morbidesse hautaine et de grâce lassée. En sorte que, près du style
d’Ingres, qui a la beauté du mode dorien, celui du disciple semble
avoir la mollesse et la volupté de la cadence ionienne. Sur la pein-
ture, voyez toute la partie de gauche, heureusement modifiée en un
groupe de mères heureuses et de travailleurs au repos dans les
gerbes : le dessin s’effile aux extrémités, le modelé reste ample et
rond ; les carnations sont chaudes et mates, parfois presque cuivrées ;
les types d’une mystérieuse gravité ; et de lourds bandeaux noirs
coupent l’ovale de ces visages de femmes où 1e peintre épris enferme
un odorant secret d’amour. Cette adorable figure protectrice des Arts
et des Travaux de la terre disparut de bonne heure des ruines; on dut
la marteler, pour qu’en s’écaillant elle ne viciât pas ses voisines. A sa