LES PORTRAITS DE MARIE-ANTOINETTE
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peu plus d’exactitude sur les demandes de son auguste mère ; de là s’est
ensuivie la résolution avec chaleur de faire faire ce portrait; malgré cela, je
ne prévois pas qu’il puisse être achevé de si tôt ; mais je suis bien résolu à
en parler tous les jours et à presser autant que possible h »
Les craintes du comte de Mercy étaient bien fondées; cet ambas-
sadeur, qui avait une parfaite connaissance du caractère de la jeune
princesse dont il s’était constitué le mentor, savait que, vive et
dissipée autant que personne au monde, elle était incapable d’esprit
de suite. Sur ce point comme sur tant d’autres, l’événement donna
raison à cet habile diplomate. Ce fut seulement à la fin du mois de
décembre que ces portraits furent prêts à être expédiés à Vienne.
En annonçant à L’impératrice cet envoi, Marie-Antoinette lui écrivait :
« On vient, enfin, de m’apporter deux portraits ; ils ne sont pas en-
core tels que je les désirerais pour ma chère maman; pourtant, j’es-
père qu’elle ne sera pas mécontente, surtout du petit. De son côté,
Mercy faisait observer « qu’il y avait encore beaucoup à redire du
côté de la ressemblance », et il ajoutait que la Reine avait ((voulu
absolument que ce portrait fût en demi-buste1 2 ».
Je n’ai pas encore pu savoir ce que sont devenus ces portraits,
qui seraient intéressants, au moins par le costume; peut-être sont-
ils relégués dans quelque coin d’un château impérial, loin de Vienne ;
dans ce cas, il serait permis d’espérer que ces renseignements provo-
queraient de nouvelles recherches qui les feraient retrouver 3.
1. Archives impériales de Vienne.
2. Marie-Antoinette. Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de
Mercy-Argenteau, publiée par MM. A. d’Arneth et GefTroy. Paris, 1875, in-8°, t. 11,
p. 269, 273.
3. C’est ainsi qu’à la suite de mon dernier article, M. le marquis de Fayolle,
conservateur du musée du Périgord, a eu la bonté de me faire connaître, par une
excellente description, accompagnée d’une photographie, le portrait de Marie-
Antoinette, exécuté en tapisserie aux Gobeiins par Cozette, en 1774, d’après le
portrait de Drouais de 1773, dont il a déjà été question plus haut (t. XVIII,p. 297).
Ce portrait fut légué, en 1786, par Baujon à la Chambre de commerce de Bordeaux,
qui le possède encore aujourd’hui. La photographie de cette tapisserie présente
les plus grandes analogies avec celle du portrait attribué à Drouais, qui fait par-
tie de la collection Jones, au South Ivensington Muséum. La ressemblance est telle
qu’on ne découvre même pas les modifications que Cozette prétendait avoir
apportées à l’ouvrage du peintre ; il est vrai que, sur des photographies, il est bien
difficile de faire des vérifications qui ne laissent rien à désirer. Malgré cette
ressemblance au moins apparente, cette peinture est de qualité si médiocre que
l’attribution à Drouais me paraît encore très douteuse. Il faudrait admettre que
ce peintre, à la suite de l’exposition du portrait de Marie-Antoinette en Hébé, au
six. — 3* PÉRIODE.
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peu plus d’exactitude sur les demandes de son auguste mère ; de là s’est
ensuivie la résolution avec chaleur de faire faire ce portrait; malgré cela, je
ne prévois pas qu’il puisse être achevé de si tôt ; mais je suis bien résolu à
en parler tous les jours et à presser autant que possible h »
Les craintes du comte de Mercy étaient bien fondées; cet ambas-
sadeur, qui avait une parfaite connaissance du caractère de la jeune
princesse dont il s’était constitué le mentor, savait que, vive et
dissipée autant que personne au monde, elle était incapable d’esprit
de suite. Sur ce point comme sur tant d’autres, l’événement donna
raison à cet habile diplomate. Ce fut seulement à la fin du mois de
décembre que ces portraits furent prêts à être expédiés à Vienne.
En annonçant à L’impératrice cet envoi, Marie-Antoinette lui écrivait :
« On vient, enfin, de m’apporter deux portraits ; ils ne sont pas en-
core tels que je les désirerais pour ma chère maman; pourtant, j’es-
père qu’elle ne sera pas mécontente, surtout du petit. De son côté,
Mercy faisait observer « qu’il y avait encore beaucoup à redire du
côté de la ressemblance », et il ajoutait que la Reine avait ((voulu
absolument que ce portrait fût en demi-buste1 2 ».
Je n’ai pas encore pu savoir ce que sont devenus ces portraits,
qui seraient intéressants, au moins par le costume; peut-être sont-
ils relégués dans quelque coin d’un château impérial, loin de Vienne ;
dans ce cas, il serait permis d’espérer que ces renseignements provo-
queraient de nouvelles recherches qui les feraient retrouver 3.
1. Archives impériales de Vienne.
2. Marie-Antoinette. Correspondance secrète entre Marie-Thérèse et le comte de
Mercy-Argenteau, publiée par MM. A. d’Arneth et GefTroy. Paris, 1875, in-8°, t. 11,
p. 269, 273.
3. C’est ainsi qu’à la suite de mon dernier article, M. le marquis de Fayolle,
conservateur du musée du Périgord, a eu la bonté de me faire connaître, par une
excellente description, accompagnée d’une photographie, le portrait de Marie-
Antoinette, exécuté en tapisserie aux Gobeiins par Cozette, en 1774, d’après le
portrait de Drouais de 1773, dont il a déjà été question plus haut (t. XVIII,p. 297).
Ce portrait fut légué, en 1786, par Baujon à la Chambre de commerce de Bordeaux,
qui le possède encore aujourd’hui. La photographie de cette tapisserie présente
les plus grandes analogies avec celle du portrait attribué à Drouais, qui fait par-
tie de la collection Jones, au South Ivensington Muséum. La ressemblance est telle
qu’on ne découvre même pas les modifications que Cozette prétendait avoir
apportées à l’ouvrage du peintre ; il est vrai que, sur des photographies, il est bien
difficile de faire des vérifications qui ne laissent rien à désirer. Malgré cette
ressemblance au moins apparente, cette peinture est de qualité si médiocre que
l’attribution à Drouais me paraît encore très douteuse. Il faudrait admettre que
ce peintre, à la suite de l’exposition du portrait de Marie-Antoinette en Hébé, au
six. — 3* PÉRIODE.
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