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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 3
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Yriarte, Charles: Sabbioneta, [3]: la petite Athènes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0216

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

La brique est nue; elle a pour seul ornement un vaste écus-
son des Gonzague, au cœur même de la façade, au départ de l'es-
calier ; et le monument emprunte surtout son caractère à cette
longue suite de hautes arcades ouvertes, qui forment l’ordre infé-
rieur sous lequel pouvait s’abriter le populaire. Le vaste escalier,
aujourd'hui supprimé, devait singulièrement ajouter à l’effet de l’en-
semble, et la colonne olympique surmontée de la statue de Pallas
portée sur un chapiteau de bronze, et placée en premier plan devant
la longue perspective ouverte sur la via Julia, présente un aspect
digne d’une cité plus étendue. Plusieurs circonstances expliquent les
dimensions de cette galerie, qui surprend si l’on songe aux moyens
d'un prince dont le domaine était si restreint et aux tendances d'une
population vouée surtout aux occupations rurales. La famille des
Gonzague a toujours eu le goût de la statuaire, de la numismatique
et de la glyptique. Amateur sans scrupules, le père du duc Vcspa-
sien, à vingt-six ans colonel d’un régiment italien, entré à la suite
du connétable de Bourbon dans la Ville éternelle, avait, comme
part du butin, jeté son dévolu sur les chefs-d’œuvre de marbre et
de bronze, dont il devait faire le fonds premier de sa collection d’an-
tiques. De Gian Francesco, son grand-oncle, fils de Louis II et chef
de la branche des princes de Bozzolo et de Sabbioneta, Vespasien
avait encore hérité la précieuse collection de marbres et de gemmes
que le protecteur du sculpteur et médailleur mantouan, l’Antico,
avait léguée à ce dernier. Enlin, les héritages des Colonna et celui de
sa tante, la belle Julia Gonzague, avaient ajouté à ses collections
d’antiquités. Ainsi riche de ce premier fonds, le duc s’était appliqué
à l’augmenter; les livres de raison constatent une dépense person-
nelle de douze mille livres impériales pour les médailles, de trois
mille écus d’or pour un seul envoi de Rome consistant en bustes
d’origine grecque et romaine. Un médecin fameux de la région, Mar-
cello Donati, était son pourvoyeur et lui rabattait les pièces impor-
tantes ; six de ses plus beaux antiques lui avaient été présentés par
Donati au prix de quatre cents éens d’or, et un de ses peintres de
cour, Julio Buboni, était son voyageur spécial à la recherche d’ac-
quisitions nouvelles.

Aujourd’hui, l’intérieur de la galerie est complètement vide; les
murailles sont lisses de la base au faite, les baies sont même dépour-
vues de leurs clôtures. Si l’on s’arrête au seuil, l’aspect est saisis-
sant; la perspective des poutrelles parallèles du plafond, qui vont se
rapprochant jusqu’à se confondre au point de fuite, double la Ion-
 
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