SABBIONETA
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de la médaille ; nombre d’entre eux ont formé des collections de ce
genre; la Zecca, chez eux, était un monument privilégié, et Vespa-
sien, dans la mesure de ses moyens, les a dépassés par sa sollicitude.
Jean-François, quatrième marquis de Mantoue, époux d’Isabelle
d’Este, avait installé sa Monnaie dans sa petite résidence privée de la
Pusterla ou de Saint-Sébastien, qui existe encore, et dont nous avons
relevé la décoration, inspirée de Mantegna. Vespasien, lui, entre
deux batailles, travaillait avec Andrea Cavalli, examinait ses coins,
assistait à la frappe, pesait ses pièces et les éprouvait; il les voulait
uniformes et loyales : aussi la monnaie de Sabbioneta était-elle re-
cherchée dans toute l'Italie à cause de sa beauté et de la sincérité de
l’alliage. Guido Antonio Zanetti de Bologne cite avec éloges la mon-
naie de Sabbioneta dans sa Raccolta delle Zecche d’Italia. Le chapi-
teau et la base de bronze de la colonne sur la place Ducale, ainsi
que ceux de la colonne olympique de la place d’Armes que surmonte,
nous l’avons dit, une statue de Pallas mutilée, sont d’Andrea Cavalli.
Cette dernière porte, gravée dans le bronze, l’inscription : andreas
CAB A LL Tj S FEC1T. MDLXXXIII.
Nous ne dirons rien de plus du sculpteur Leone Leoni ; en
dehors de la statue de bronze désormais placée sur le tombeau de
Vespasien, on ne conserve de lui dans la ville que des fragments
d’un tempietto de bronze où son nom est gravé. Le buste du duc
d’Albe et ceux qui décoraient le Palais ducal et le Casino ont disparu.
Ln réalité, ce nom de « Petite Athènes », décerné par des chroni-
queurs qui écrivaient l’histoire sous l'œil du prince, sent l’exagé-
ration habituelle aux panégyristes ; mais ici l’intérêt s’augmente de
l’unité, de là nouveauté du sujet, et de l'attrait qu’exerce sur l’esprit
la rencontre, au détour d'un chemin peu frayé, d’une petite cité
embaumée dans sa forme primitive, vivante encore, condamnée à
végéter par son justaucorps de fortifications indestructibles. A Man-
toue, à Crémone, à Milan, aux bibliothèques et aux archives, dans
la mémoire aussi de quelques doux vieillards pleins d’érudition, prêts
à répondre avec bonté aux questions des voyageurs « qui s’inquiètent
de la blancheur des marbres », se trouvent les témoignages qui per-
mettent une restitution sincère. Au point de vue delà culture in-
tellectuelle et de l’histoire locale, que nous avons traitée ailleurs,
l’étude de Sabbioneta fournissait une preuve de plus des bienfaits
d’une décentralisation qui faisait de chacune de ces petites princi-
pautés de l’Italie des foyers de civilisation; au point de vue de l’art,
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de la médaille ; nombre d’entre eux ont formé des collections de ce
genre; la Zecca, chez eux, était un monument privilégié, et Vespa-
sien, dans la mesure de ses moyens, les a dépassés par sa sollicitude.
Jean-François, quatrième marquis de Mantoue, époux d’Isabelle
d’Este, avait installé sa Monnaie dans sa petite résidence privée de la
Pusterla ou de Saint-Sébastien, qui existe encore, et dont nous avons
relevé la décoration, inspirée de Mantegna. Vespasien, lui, entre
deux batailles, travaillait avec Andrea Cavalli, examinait ses coins,
assistait à la frappe, pesait ses pièces et les éprouvait; il les voulait
uniformes et loyales : aussi la monnaie de Sabbioneta était-elle re-
cherchée dans toute l'Italie à cause de sa beauté et de la sincérité de
l’alliage. Guido Antonio Zanetti de Bologne cite avec éloges la mon-
naie de Sabbioneta dans sa Raccolta delle Zecche d’Italia. Le chapi-
teau et la base de bronze de la colonne sur la place Ducale, ainsi
que ceux de la colonne olympique de la place d’Armes que surmonte,
nous l’avons dit, une statue de Pallas mutilée, sont d’Andrea Cavalli.
Cette dernière porte, gravée dans le bronze, l’inscription : andreas
CAB A LL Tj S FEC1T. MDLXXXIII.
Nous ne dirons rien de plus du sculpteur Leone Leoni ; en
dehors de la statue de bronze désormais placée sur le tombeau de
Vespasien, on ne conserve de lui dans la ville que des fragments
d’un tempietto de bronze où son nom est gravé. Le buste du duc
d’Albe et ceux qui décoraient le Palais ducal et le Casino ont disparu.
Ln réalité, ce nom de « Petite Athènes », décerné par des chroni-
queurs qui écrivaient l’histoire sous l'œil du prince, sent l’exagé-
ration habituelle aux panégyristes ; mais ici l’intérêt s’augmente de
l’unité, de là nouveauté du sujet, et de l'attrait qu’exerce sur l’esprit
la rencontre, au détour d'un chemin peu frayé, d’une petite cité
embaumée dans sa forme primitive, vivante encore, condamnée à
végéter par son justaucorps de fortifications indestructibles. A Man-
toue, à Crémone, à Milan, aux bibliothèques et aux archives, dans
la mémoire aussi de quelques doux vieillards pleins d’érudition, prêts
à répondre avec bonté aux questions des voyageurs « qui s’inquiètent
de la blancheur des marbres », se trouvent les témoignages qui per-
mettent une restitution sincère. Au point de vue delà culture in-
tellectuelle et de l’histoire locale, que nous avons traitée ailleurs,
l’étude de Sabbioneta fournissait une preuve de plus des bienfaits
d’une décentralisation qui faisait de chacune de ces petites princi-
pautés de l’Italie des foyers de civilisation; au point de vue de l’art,