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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

DOI issue:
Nr. 3
DOI article:
Babelon, Ernest: Les camées antiques de la Bibliothèque Nationale, 2
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0237

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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aussi bien par les témoignages littéraires que par les œuvres de
glyptique qu’on peut rattacher à l'école samienne ou ionienne, nous
les montre allant étudier les secrets de leur profession dans les
écoles des bords du Nil, gravant des scarabées plus ou moins in-
spirés de ceux de l’Egypte, mais où l’on trouve toujours la touche
originale du génie hellénique. Une circonstance de l’histoire de
Solon vient confirmer ces constatations, en nous montrant le sage
Athénien s’inspirant, pour sa législation sur les cachets, de ce qu’il
avait observé chez les Egyptiens. Il paraît que les faussaires, — il
y en avait déjà à cette époque, —-fabriquaient, par surmoulage, de
faux cachets en pâte de verre (o-cppaylSs? uà)uvai), et abusaient ainsi
du véritable cachet d’autrui. Solon, qui visita l’Egypte sous Amasis
(vers 600 av. J.-G.), édicta, une fois rentré en Grèce, pour punir ces
contrefaçons, une loi interdisant aux lithoglyphes de retenir chez
eux la copie ou l’empreinte des gemmes qu’ils auraient été chargés
de graver pour des particuliers.

Ainsi, on ne saurait le contester, le scarabée grec dérive direc-
tement de celui de l’Egypte, par sa forme, sa technique, son emploi
comme ornement ou cachet, et jusqu’aux règlements qui en régis-
sent l’usage. Ce camée embryonnaire subit des transformations, des
altérations qui lui sont imposées par le génie hellénique ; c’est la
période des gemmes scarabéoïdes, c’est-à-dire qui n’ont plus du sca-
rabée que le galbe général et où la carapace de l’animal est seulement
indiquée, et souvent même remplacée par un autre type imaginé par
l’artiste grec. Mais cette gemme monochrome n'est vraiment encore
un camée que par le procédé technique qu’exige sa gravure, car, de
quelque habileté qu’aient fait preuve les Egyptiens, puis les artistes
grecs comme Syriès, Mnésarchos, Théodoros, dans la gravure en
creux ou en relief, de la cornaline et de toutes les variétés du quartz,
il est curieux de constater qu'ils n’ont jamais su exécuter un camée
proprement dit, c’est-à-dire tirer parti des couches superposées d’une
agate, pour produire les variétés de tons, d’effets et de nuances que
comporte un sujet polychrome. Cela est si vrai, qu’il existe d’assez
nombreux scarabées gravés sur des sardonyx à plusieurs couches,
pour l’exécution desquels l’artiste a si peu compris le parti qu’il
pouvait tirer de la polychromie interne de la gemme, qu’on voit
les rayures des couches à travers le corps de l’animal, dans une direc-
tion dictée par le hasard, en hauteur, en largeur, en diagonale; le
graveur les a méconnues si bien qu’elles forment tache et nuisent
plutôt à l’effet artistique de son œuvre.
 
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