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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 3
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Migeon, Gaston: L' illustrateur Daniel Vierge
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0245

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

du public et n’avaient signalé son œuvre comme un des plus origi-
naux de ce temps U

Daniel Urrabieta Vierge est né à Madrid, le 5 mars 1851, dans
une maison sise rue de la Huerta, n° 34. Son père, Vincente Urrabieta
Ortiz, était lui-même dessinateur de métier, et l'on peut dire que
dans ce milieu, avec sa précocité d’instinct et son ardente curiosité,
Daniel Vierge sut dessiner avant de savoir lire. C’est de sa mère
qu'il tenait le nom aujourd’hui si fort illustré par son art. Il entra
très jeune dans l’atelier de Madrazzo, à Madrid, où il eut pour
camarades Pradilla, Plasencia ; il ne pensait alors qu’à la peinture,
et quand il rêvait de Paris et des grands succès que son aîné, Fortuny,
y remportait alors, il se sentait assez sûr de lui-même pour n’en pas
redouter l’éclat. Tous ceux qui connaissent les belles études con-
servées dans son atelier et les lumineuses aquarelles qu’ont recueil-
lies quelques collectionneurs avisés regretteront toujours que Vierge
n’ait pas accompli toute sa destinée de peintre doué, et que le loisir
lui ait manqué pour produire les œuvres remarquables qu’il portait
en lui. Aussi sûr dessinateur que Fortuny ou Meissonier, il parais-
sait devoir être bien plus peintre qu’eux par la franchise de la
touche, le sens des belles valeurs, la largeur et la puissance de
l’exécution.

En parlant pour Paris en 1870, un peu avant la guerre, il avait
quelques recommandations, une entre autres pour M. Charles Yriarte,
l’un des hommes qui connaissaient alors le mieux l’Espagne pour y
avoir longtemps séjourné à plusieurs reprises. Ce dernier reconnut
tout de suite les remarquables dons du jeune homme et le fit entrer
au Monde illustré. La maladie seule devait un jour le forcer d’en
sortir.

Il venait bien à son heure, avec l’aptitude rare qu’il avait à
plier son art aux nécessités du journal moderne. L’actualité n’attend
pas : le fait se présente, qu’il faut fixer à l’instant même; demain
il sera oublié. Vous savez comment le reportage littéraire est de-
venu ainsi un art entre les mains d’un Jules Huret. Pour l’illustra-
teur, cela suppose une mémoire infaillible, une abondance d’idées
intarissable et une facilité constante de dessin. Pendant douze an-
nées, de 1870 à 1882, Vierge ne cessa pour ainsi dire pas d’apporter
chaque semaine à l’actualité, au fait qu’il lui fallait transcrire et ra-
conter, ces dons surprenants d’observation, cette entente pittoresque

i. M. Roger Marx lui consacrait encore il y a quelques mois une étude péné-
trante et neuve dans le journal illustré L’Image.
 
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