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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 3
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Jamot, Paul: Le buste d'Elche
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0260

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

£44

hypothèses variées et contradictoires, mais, jusqu’au moment où M.
Ileuzey eût le courage scientifique cl’en faire une étude raisonnée et
d’en proposer une explication historique, on peut dire, comme il l’a
dit lui-même, qu’elles étaient demeurées sous le coup d'une sorte
d’excommunication tacite. Et, même après que le mémoire de M.
Heuzey eut paru dans la Revue cl’Assyriologie, on s’étonne que cette
conspiration du silence ait continué, quand il s’agissait d’un chapitre
entièrement nouveau ajouté, non pas seulement à l’histoire de l’art,
mais à l’histoire delà civilisation.

Ces statues sont toutes taillées, comme le buste d’Elche, dans
une pierre calcaire très tendre, la pierre du pays évidemmentet
reproduisent un petit nombre de types, toujours les mêmes. L’art du
Ccrro rappelle l’art chypriote, sinon par le style et l’exécution ou le
choix des types1 2, du moins par l’analogie des influences diverses qui
ont contribué à les faire naître tous deux. C’est le même caractère
d’un art local et rustique, qui s’est développé sur place après avoir
reçu une impulsion première du dehors. Ici, comme à Chypre, cette
impulsion est manifestement venue de i'archaïsme grec.

Le type le plus fréquent et le plus intéressant est celui de la
femme debout, dans une attitude rigide et hiératique, vêtue de
lourdes draperies superposées, la poitrine ornée de colliers à plu-
sieurs rangs, la tète chargée d’une coiffure de forme bizarre et de
dimensions inusitées ; c’est tantôt un diadème, tantôt une haute tiare,
droite ou fortement inclinée en arrière, complétée par des pende-
loques et des boucles d’oreilles énormes. On peut voir au Louvre, où
on les a placés à dessein en face du buste d’Elche, les moulages d’une
figure entière de femme et d’une tête coiffée d’une tiare pointue appar-
tenant à ce type. Ces monuments sont précisément ceux queM. Heuzey
a étudiés en détail dans son mémoire de la Revue d’Assyriologie.

M. Heuzey ne pense pas que l’archaïsme grec pur ait agi direc-
tement sur l’Espagne. En analysant les pièces choisies par lui dans la
série des sculptures du Cerro à cause de leur mérite d’exécution et
de leur caractère significatif, il a démêlé les éléments dont la fusion

1. M. Heuzey fait observer justement que « le tuf calcaire », ce que les Grecs
appelaient ètu/ojoloî -ôipo;, est presque partout l’indice de l’ancienne sculpture
locale (Iicvue d’Assyriologie, t. III, p. 97, n° 1).

2. On remarquera, par exemple, que les statues d’hommes sont aussi rares
au Ccrro que les statues de femmes le sont à Chypre. Cependant, parmi les quel-
ques originaux rapportés au Louvre par M. Engel, il y a plusieurs têtes d’hommes,
d’un art très barbare, il est vrai, et les restes d’une statue de cavalier.
 
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