Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Jamot, Paul: Le buste d'Elche
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0266

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
250

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

ibérique et ceux cle l'archaïsme grec on aurait tort de conclure que
ceux-ci sont contemporains de ceux-là. Il est possible que le premier
contact des Ibères avec l’art grec remonte à la fin du yi° siècle ou
au commencement du ve. Mais il a fallu sans doute de longues
années à ces populations barbares pour apprendre à imiter les
modèles étrangers, puis à s’en inspirer librement.

Il faut se rappeler d’ailleurs que, chez les peuples orientaux qui
ont servi d’intermédiaires entre la Grèce et l’Espagne, les formes de
l’archaïsme grec ont survécu longtemps à la victoire du beau style
classique. En Grèce même, hors d’Athènes, et dans les pays hellé-
nisés, cet « archaïsme prolongé », suivant le mot très heureux de M.
Heuzey, c’est-à-dire un archaïsme non pas pédant et froid comme celui
où s’amuseront plus tard les dillettantes de l’époque d’Auguste, mais
sincère et encore vivifié par une tradition ininterrompue, subsiste
parallèlement au grand courant de l’art attique triomphant. Tout près
d’Athènes, en Béotie, à Thespies, j’ai trouvé un bas-relief funéraire
qui ne peut êlre que du ivc siècle, et dont les personnages reprodui-
duisent les formules d’art antérieures à Phidias. Les plus beaux
masques béotiens en terre cuite gardent la même fidélité à la tradi-
tion ancienne, et nous avons au Louvre un masque de femme, pro-
venant de la fabrique plus récente de Myrina, qui atteste une persis-
tance plus surprenante encore des types archaïques. Nous pensons
donc qu’à cent ans près ou même davantage, il est impossible de
déterminer la date d’une œuvre comme le buste d’Elchc. Nous ne
croyons pas qu’elle puisse être antérieure aux premières années du
ivc siècle. Mais si l’on suppose que l’impulsion décisive n’a été donnée
aux populations espagnoles qu'au moment où Carthagène fut fondée,
rien n’empêche de faire descendre la date jusqu'à la fin du ni0 siècle.
Peut-être l’étude minutieuse et raisonnée des sculptures trouvées au
Cerro de las Santo.s et de celles dont on peut espérer la découverte
sur d’autres points encore nous permettra-t-elle un jour plus de préci-
sion. C’est l'œuvre que nous attendons avec confiance de M. Paris.
Mais, en essayant d’établir une chronologie de ces monuments, il
faut se garder d’une illusion. Les écoles locales de l’Espagne sem-
blent être parties de la barbarie pour y retourner, sans doute après
des siècles ; on ne doit pas confondre les essais encore maladroits
d’un art en voie de perfectionnement avec le retour final à la rusti-
cité primitive.

PAUL .T A M 0 T
 
Annotationen