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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 4
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Bertaux, Émile: Le tombeau d'une reine de France à Cosenza en Calabre, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0291

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LE TOMBEAU D’UNE REINE DE FRANCE

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fin du xme siècle sont très rares et très médiocres dans le royaume de
Charles d’Anjou. Le charmant portail de l'église Saint-Eloi de Naples
(fondée en 1270) 1 n'est décoré que de feuillages, et c’est à peine si
l’on y distingue une petite tête de Christ ; la Vierge en bois de la col-
légiale de Scurcola, qui fut retrouvée au xvne siècle, dans les ruines
de l’abbaye de la Victoire, fondée par Charles Ier, est un ouvrage
français assez misérable, défiguré d’ailleurs par les badigeons et les
vernis; la liste sera close, quand on aura indiqué, à Naples même,
la statue de la reine Marguerite, femme de Charles lor, qui, par un
sort singulier, a passé longtemps pour représenter lanière de Cou -
radin, et qui a été transportée ré-
cemment du couvent du Carminé
au musée de San Martino2. La
draperie et surtout l’agrafe du
manteau de cette statue au visage
mutilé permettent d’y reconnaître
une œuvre française ; mais le tra-
vail en est sec et pauvre. Il n’existe,
dans toute l’Italie méridionale,
aucun monument qui rappelle,
même de très loin, celui de Co-
senza3, et le mausolée d’Isabelle
reste une œuvre isolée, à moins
qu’on ne le relie aux statues funé-
raires conservées dans les églises
de l'Ile-de-France. Si l’on se rap-
pelle, d’autre part, la ressemblance étroite que j’ai relevée entre les
statues de Cosenza et la statuaire officielle de Saint-Denis, on ad-

1. M. Enlart en a donné un dessin dans son ouvrage sur Les Origines fran-
çaises de l’Architecture gothique en Italie (p. d 99), dont j’ai eu l’honneur de rendre
comple ici-même (1894, 2e vol., p. 497-506).

2. Pour l'identification du personnage représenté par la statue du Carminé,
voir la discussion de G. Filangieri (Document! per la Storia, le Arti e le Industrie
dclle Provincic Napoletane, t. III, p. 436 et suiv.).

3. Les deux portails de l’église de Bitetto, près Bari, et de la basilique d’Al-
tamura, qui ont été sculptés tous les deux vers 1330 par un artiste de Barletta,
nommé Lello, offrent dans les petits bas-reliefs dont ils sont couverts des souve-
nirs frappants de motifs français. Mais ces motifs appartiennent à l'art du com-
mencement du xivc siècle. On peut les expliquer par le séjour que firent à Bar-
letta les maîtres français qui travaillèrent sous les Angevins au château et à sa
chapelle. Quant aux œuvres originales de ces maîtres, architecture ou sculpture,
elles ont complètement disparu.
 
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