DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:Frizzoni, Gustavo: Un monument de sculpture Lombarde à Trévise
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L’auteur de ces lignes ne saurait dire quelle singulière impres-
sion il éprouva, lorsque, entrant, il y a quelques années (en 1891),
pour la première fois, dans l’église de Sainte-Marie-Majeure, à Tré-
vise, il y remarqua tout à fait inopinément, dans un recoin d’une
modeste chapelle,, ces sculptures où se révèlent une origine cl un
style dénués de toutrapport avec ceux de la vieille église, qui est bâtie
selon les données et le goût de F architecture vénitienne. Après qu'on
a remarqué combien l’aspect des œuvres mêmes accuse, à ne pas
s’y tromper, la main et le ciseau habiles et gracieux d’un artiste
lombard de la première moitié du xvi° siècle,, l’explication de leur
présence en ce lieu devient toute simple à la lecture de l’épitaphe
placée à la partie inférieure de la muraille sur laquelle se trouvent
réunies les pièces que nous allons décrire. Comme il résulte, en
effet, de l’inscription que ces marbres sont qualifiés de dépouilles de
guerre transportées de la ville de Pavie, rien de plus naturel que d’y
constater la griffe d’un de ces sculpteurs qui, à l’époque du plus
grand épanouissement de l’art, travaillèrent dans cette dernière ville,
aussi bien que dans la célèbre Chartreuse fondée par Jean Galéas Vis-
conti et ornée à l’envi par ses successeurs.
On le voit, il estasse/ surprenant que les écrivains locaux, nonob-
stant ces données, aient persisté à signaler les sculptures de Sainte-
Marie comme le monument funéraire du personnage qui les avait
emportées de Pavie, et à les considérer comme l’œuvre du sculp-
teur vénitien Tullio Lombardi.
Il nous tarde cependant de donner une description des pièces
dont nous reproduisons l’ensemble et les détails d’après les photo-
graphies exécutées par la maison Garatti frères, de Trévise. 11 s’agit
de sept statuettes et de trois hauts-reliefs, rapprochés d’une manière
décorative certainement bien différente de l’ensemble qu’elles étaient
destinées à composer sur la muraille latérale de la chapelle de Saint-
Georges, tout au fond de la nef gauche de l’église Sainte-Marie-Ma-
jeure. Les bas-reliefs sont alignés selon une disposition horizontale,
comme s’ils servaient d’ornement à un sarcophage, et les statues
placées dans des niches. Deux angelots se voient aux côtés du sarco-
phage, tenant des torches funèbres; au-dessus, cinq des sept Vertus
théologales et cardinales, dans lesquelles on reconnaît, en procédant
de gauche à droite,, la Foi, la Charité, la Justice, la Tempérance et
la Prudence.
Les figures, quoique un peu conventionnelles dans la forme et
dans l’attitude, se distinguent néanmoins par la douceur et la grâce
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
L’auteur de ces lignes ne saurait dire quelle singulière impres-
sion il éprouva, lorsque, entrant, il y a quelques années (en 1891),
pour la première fois, dans l’église de Sainte-Marie-Majeure, à Tré-
vise, il y remarqua tout à fait inopinément, dans un recoin d’une
modeste chapelle,, ces sculptures où se révèlent une origine cl un
style dénués de toutrapport avec ceux de la vieille église, qui est bâtie
selon les données et le goût de F architecture vénitienne. Après qu'on
a remarqué combien l’aspect des œuvres mêmes accuse, à ne pas
s’y tromper, la main et le ciseau habiles et gracieux d’un artiste
lombard de la première moitié du xvi° siècle,, l’explication de leur
présence en ce lieu devient toute simple à la lecture de l’épitaphe
placée à la partie inférieure de la muraille sur laquelle se trouvent
réunies les pièces que nous allons décrire. Comme il résulte, en
effet, de l’inscription que ces marbres sont qualifiés de dépouilles de
guerre transportées de la ville de Pavie, rien de plus naturel que d’y
constater la griffe d’un de ces sculpteurs qui, à l’époque du plus
grand épanouissement de l’art, travaillèrent dans cette dernière ville,
aussi bien que dans la célèbre Chartreuse fondée par Jean Galéas Vis-
conti et ornée à l’envi par ses successeurs.
On le voit, il estasse/ surprenant que les écrivains locaux, nonob-
stant ces données, aient persisté à signaler les sculptures de Sainte-
Marie comme le monument funéraire du personnage qui les avait
emportées de Pavie, et à les considérer comme l’œuvre du sculp-
teur vénitien Tullio Lombardi.
Il nous tarde cependant de donner une description des pièces
dont nous reproduisons l’ensemble et les détails d’après les photo-
graphies exécutées par la maison Garatti frères, de Trévise. 11 s’agit
de sept statuettes et de trois hauts-reliefs, rapprochés d’une manière
décorative certainement bien différente de l’ensemble qu’elles étaient
destinées à composer sur la muraille latérale de la chapelle de Saint-
Georges, tout au fond de la nef gauche de l’église Sainte-Marie-Ma-
jeure. Les bas-reliefs sont alignés selon une disposition horizontale,
comme s’ils servaient d’ornement à un sarcophage, et les statues
placées dans des niches. Deux angelots se voient aux côtés du sarco-
phage, tenant des torches funèbres; au-dessus, cinq des sept Vertus
théologales et cardinales, dans lesquelles on reconnaît, en procédant
de gauche à droite,, la Foi, la Charité, la Justice, la Tempérance et
la Prudence.
Les figures, quoique un peu conventionnelles dans la forme et
dans l’attitude, se distinguent néanmoins par la douceur et la grâce