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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 4
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Tourneux, Maurice: Diderot et le musée de l'Ermitage
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0357

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

précieuses et qui ne furent dispersées qu’après sa mort1. Aussi était-il
connu de tous les marchands et amateurs de Paris où il fit divers
séjours. Ce fut au retour d’un voyage de François Tronchin dans le
midi de la France, avec son frère le fermier général, que Diderot
réclama son aide et ses lumières pour l’appréciation toujours délicate
de la valeur intrinsèque et marchande des tableaux de Crozat. Fran-
çois Tronchin n’hésita pas, malgré ses soixante-sept ans, à braver de
nouveau les fatigues d’un voyage à Paris, afin de répondre à l’appel
flatteur qu’on faisait à ses lumières et aussi, je pense, de goûter
le plaisir d’examiner chaque morceau de cette collection juste-
ment célèbre. 11 révisa donc pièce à pièce les appréciations contra-
dictoires de Rémy, l’expert des héritiers Crozat, et de Ménageot que
Diderot avait choisi, dressa de toute la collection un catalogue rai-
sonné et, après avoir refusé « toute valeur quelconque» à 158 pièces,
arrêta l’évaluation totale à 440.000 livres. Le 8 octobre 1771, les héri-
tiers Crozat acquiesçaient au chiffre fixé par Tronchin et, le 4 jan-
vier 1772, le marché définitif fut signé par devant notaire2.

L’acte original de la cession existe encore dans le minutier du
successeur de Mc Le Pot d’Auteuil et, sur mes indications, M. le
vicomte de Grouchy a bien voulu en prendre une copie. Si je ne la
publie pas ici, c’est d’abord en raison de sa longueur même, puis
parce que les descriptions des tableaux sont presque toutes textuelle-
ment empruntées au livret de 1755, enfin et surtout parce que les
plus récents catalogues de l’Ermitage3 témoignent, à ce propos, de
la sélection opérée depuis un siècle par une critique mieux armée
et plus éclairée que ne pouvait l’être celle des curieux et des experts

1. La Bibliothèque Nationale possède un exemplaire du second catalogue
(1780) et celui de la vente publique qui en fut faite en l’an ix à Paris, par P.-J.-B.
Lebrun, à l’exception de trente tableaux réservés par la famille et conservés
aujourd’hui dans la galerie de Bessinge, près Genève.

2. Les objets de curiosité proprement dits ne furent pas compris dans cette
acquisition : il existe un Catalogue des estampes, vases de poterie étrusque, figures,
bas-reliefs et bustes en bronze de feu M. Crozat, baron de Thiers, brigadier des armées
du Roi, rédigé par P. Bémy, et vendus en février 1772. C’est par cette petite vente
que se clôt le démembrement de cette immense collection. Le catalogue en est
devenu fort rare. Ch. Blanc a donné la liste des principaux prix dans le Trésor de
la Curiosité, t. I, p. 206-208.

3. J’ai eu constamment sous mes yeux, pour cette identification, la troisième
édition des catalogues des écoles d’Italie et d’Espagne (1891), et des écoles néer-
landaise et allemande (1895), revue par M. le baron E. Bruïningk et par M. A.
Somoff. Le catalogue de l’école française n’a pas été, que je sache, depuis 1871,
l’objet d’une révision semblable et qui serait pourtant fort nécessaire.
 
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