378
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pression profonde que peut laisser le mausolée royal de Cosenza,
remettre l’œuvre de sculpture dans son milieu, entre ces murs qui
ont offert au maître étranger, venu pour travailler à un tombeau, les
lignes d’une architecture familière, qui semblait abriter sous les
ogives de ses voûtes un peu de la lointaine patrie.
Que l’on pense aux églises qu’avaient traversées, entre Tunis et
Messine, les Français qui revenaient de la terre infidèle. Ils avaient
veillé le corps du saint roi dans la basilique de Monreale, étincelante
do toutes les splendeurs de l’Orient schismatique et païen. A Pa-
lerme, ils avaient prié, pour demander un bon retour, sous les sta-
lactites dorées et bigarrées de la chapelle Palatine, toutes grouil-
lantes de figurines diaboliques, ouvrage éblouissant et mystérieux des
Sarrasins. Et voici qu’après avoir traversé torrents et montagnes,
ils arrivaient dans une ville tout entourée de forêts et de neiges, et
ils y trouvaient, pour rendre les derniers devoirs à leur reine, une
cathédrale semblable à l’église où ils s’étaient agenouillés avant de
partir pour la croisade. Aujourd’hui encore, il y a dans ce jeu des
influences artistiques, qui avait préparé au cœur de la Sila une
église française pour accueillir un tombeau français, de quoi émer-
veiller ceux qui voudront s’aventurer dans leurs pèlerinages histo-
riques jusqu’au Saint-Denis de la Calabre.
ÉMILE BERTAUX
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
pression profonde que peut laisser le mausolée royal de Cosenza,
remettre l’œuvre de sculpture dans son milieu, entre ces murs qui
ont offert au maître étranger, venu pour travailler à un tombeau, les
lignes d’une architecture familière, qui semblait abriter sous les
ogives de ses voûtes un peu de la lointaine patrie.
Que l’on pense aux églises qu’avaient traversées, entre Tunis et
Messine, les Français qui revenaient de la terre infidèle. Ils avaient
veillé le corps du saint roi dans la basilique de Monreale, étincelante
do toutes les splendeurs de l’Orient schismatique et païen. A Pa-
lerme, ils avaient prié, pour demander un bon retour, sous les sta-
lactites dorées et bigarrées de la chapelle Palatine, toutes grouil-
lantes de figurines diaboliques, ouvrage éblouissant et mystérieux des
Sarrasins. Et voici qu’après avoir traversé torrents et montagnes,
ils arrivaient dans une ville tout entourée de forêts et de neiges, et
ils y trouvaient, pour rendre les derniers devoirs à leur reine, une
cathédrale semblable à l’église où ils s’étaient agenouillés avant de
partir pour la croisade. Aujourd’hui encore, il y a dans ce jeu des
influences artistiques, qui avait préparé au cœur de la Sila une
église française pour accueillir un tombeau français, de quoi émer-
veiller ceux qui voudront s’aventurer dans leurs pèlerinages histo-
riques jusqu’au Saint-Denis de la Calabre.
ÉMILE BERTAUX