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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 5
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Flammermont, Jules: Les portraits de Marie-Antoinette, 4
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0401

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

jours, en furent faites à la manufacture de Sèvres, sous le nom d’un
certain Gross. C’était l’artiste chargé de préparer le moule, d’après
l’œuvre de Pajou ; conformément à l’ancien usage, encore suivi dans
ce grand établissement, il avait substitué sa signature à celle de
l’auteur de l’œuvre originale. En l’espèce, ce troc produisit des con-
séquences bizarres. La Marie-Antoinette, dite de Pajou à la manu-
facture, était, dans les catalogues du musée de Versailles, donnée à
Gross, tandis que sur la cheminée du boudoir du Petit-Trianon on en
voyait un autre exemplaire, attribué, comme il était juste, à Pajou.

Il est absolument impossible, en l’absence de l’original, de
déterminer exactement l’importance des transformations que ce Gross
jugea bon de faire subir à l’œuvre de Pajou afin qu’elle pût être
reproduite en biscuit de Sèvres ; mais il est probable qu’elles ont été
peu considérables, car dans ces bustes, très agréables d'aspect, on
retrouve aisément les traits caractéristiques du visage de Marie-
Antoinette, dont ils nous donnent un portrait assez fidèle, bien que
légèrement embelli.

Le buste de la Reine, exposé par Boizot au Salon de 1775, ob-
tint un très vif succès. Les Mémoires secrets nous apprennent que le
public venait en foule «autour de ce chef-d’œuvre ». Marie-Antoi-
nette était représentée en Diane, dit ce critique, qui nous a laissé de
cet ouvrage l’éloge suivant :

« Rien de plus naïf, de plus fin et de plus noble en même temps que la
tête. Elle est grandement drapée, sans que cet accessoire diminue la légè-
reté et le svelte de la figure, que l’on soupçonne du moins par le col bien
élancé, par les épaules tombant avec grâce, par une gorge de la plus ai-
mable proportion et par une sorte de vivacité répandue dans cet ensemble,
qui, à ne regarder que le haut du buste, ferait croire volontiers qu’il va
marcher 1. »

Bien que Boizot fût directeur des travaux de la manufacture de
Sèvres, son buste y subit le même sort que celui de Pajou; il fut
remanié par un certain Wogmuller et la transformation fut si com-
plète qu’on oublia même le nom de l’auteur. Aujourd’hui, ce beau

M. Feuillet de Conches a placé un portrait de la Reine, « gravé par Morse, sous la
direction de Henriquel-Dupont, d’après le buste de Pajou, appartenant à M. Feuil-
let de Conches». Cette gravure ressemble beaucoup au buste de Sèvres; c’est
pourquoi, dans le cas où le buste appartenant à M. Feuillet de Conches serait en
marbre, il y aurait lieu, je crois, d’examiner attentivement s’il n’aurait pas été exé-
cuté d’après celui de Sèvres.

1. Mémoires secrets, t. XIII, p. 213.
 
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