LES PORTRAITS DE MARIE-ANTOINETTE
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de ce tableau. Le 1er décembre, Pichler répondit à l’ambassadeur :
« L’arrivée du portrait en grand de la Reine fera sûrement bien du
plaisir à S. M., surtout si elle le trouve tel que V. Ex. l’annonce1. »
L'expédition fut sans doute retardée par les premières couches
de Marie-Antoinette, qui mit au monde, le 20 décembre 1778,
Madame Royale, plus tard duchesse d’Angoulême.
Ce portrait ne parvint à Vienne qu’en février 1779 ; mais il
avait subi de graves avaries dans le transport et il était en très
mauvais état ; heureusement on parvint à le réparer. Le 1er avril,
Pichler en informait l’ambassadeur en ces termes : « On a réussi à
raccommoder le portrait endommagé de la Reine en grand. Le prix
de 15.000 livres paraît à S. M. un peu fort ; elle voudrait savoir s’il
ne conviendrait pas d’en rembourser la Reine, sans que sa délicatese
s’en trouvât blessée2. » De son côté, Marie-Thérèse écrivait le meme
jour à sa fille : « Votre grand portrait fait mes délices. Ligne a trouvé
de la ressemblance; mais il me suffit qu'il représente votre figure,
de laquelle je suis bien contente3. »
Ce portrait me paraît être celui qui se trouve aujourd’hui à la
Hofburg de Vienne, dans l’antichambre du Sofien Appartement. Un
examen superficiel pourrait, il est vrai, en faire douter un instant ;
car la couronne est surmontée d'une fleur de lys si mal faite qu’on
la confondrait aisément avec une croix ; mais il est permis de sup-
poser que cette confusion est due au peintre autrichien qui a fait la
restauration de ce tableau. Le visage d’ailleurs est bien celui de
Marie-Antoinette ; on reconnaît au premier coup d’œil son front haut
et bombé, ses yeux à fleur de tête, son nez aquilin, sa bouche un peu
forte et son menton. Les traits sont fatigués et tirés ; mais il n’y
a pas lieu de s’en étonner, puisque ce portrait fut peint pendant la
première grossesse de la Reine et achevé peu de temps avant ses
couches. Quel en est l'auteur? Autant que j’ai pu m’en rendre compte
sur place par un examen un peu sommaire, il n’est pas signé et dans
ce qui nous est resté des correspondances du comte de Mercy avec
l’Impératrice et ses secrétaires, je n’ai pas rencontré un mot qui
permette de le découvrir ; néanmoins je crois qu’on peut attribuer
cet ouvrage à Duplessis, et c’est par scrupule de conscience que j’ai
fait suivre son nom d’un point d’interrogation. Duplessis, en effet,
exposa au Salon de 1777 un portrait en pied de Louis XVI et l’on sait
1. Archives impériales de Vienne.
2. Archives impériales devienne.
3. Arneth et Geffroy, Marie-Antoinette, t. III, p. 303.
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de ce tableau. Le 1er décembre, Pichler répondit à l’ambassadeur :
« L’arrivée du portrait en grand de la Reine fera sûrement bien du
plaisir à S. M., surtout si elle le trouve tel que V. Ex. l’annonce1. »
L'expédition fut sans doute retardée par les premières couches
de Marie-Antoinette, qui mit au monde, le 20 décembre 1778,
Madame Royale, plus tard duchesse d’Angoulême.
Ce portrait ne parvint à Vienne qu’en février 1779 ; mais il
avait subi de graves avaries dans le transport et il était en très
mauvais état ; heureusement on parvint à le réparer. Le 1er avril,
Pichler en informait l’ambassadeur en ces termes : « On a réussi à
raccommoder le portrait endommagé de la Reine en grand. Le prix
de 15.000 livres paraît à S. M. un peu fort ; elle voudrait savoir s’il
ne conviendrait pas d’en rembourser la Reine, sans que sa délicatese
s’en trouvât blessée2. » De son côté, Marie-Thérèse écrivait le meme
jour à sa fille : « Votre grand portrait fait mes délices. Ligne a trouvé
de la ressemblance; mais il me suffit qu'il représente votre figure,
de laquelle je suis bien contente3. »
Ce portrait me paraît être celui qui se trouve aujourd’hui à la
Hofburg de Vienne, dans l’antichambre du Sofien Appartement. Un
examen superficiel pourrait, il est vrai, en faire douter un instant ;
car la couronne est surmontée d'une fleur de lys si mal faite qu’on
la confondrait aisément avec une croix ; mais il est permis de sup-
poser que cette confusion est due au peintre autrichien qui a fait la
restauration de ce tableau. Le visage d’ailleurs est bien celui de
Marie-Antoinette ; on reconnaît au premier coup d’œil son front haut
et bombé, ses yeux à fleur de tête, son nez aquilin, sa bouche un peu
forte et son menton. Les traits sont fatigués et tirés ; mais il n’y
a pas lieu de s’en étonner, puisque ce portrait fut peint pendant la
première grossesse de la Reine et achevé peu de temps avant ses
couches. Quel en est l'auteur? Autant que j’ai pu m’en rendre compte
sur place par un examen un peu sommaire, il n’est pas signé et dans
ce qui nous est resté des correspondances du comte de Mercy avec
l’Impératrice et ses secrétaires, je n’ai pas rencontré un mot qui
permette de le découvrir ; néanmoins je crois qu’on peut attribuer
cet ouvrage à Duplessis, et c’est par scrupule de conscience que j’ai
fait suivre son nom d’un point d’interrogation. Duplessis, en effet,
exposa au Salon de 1777 un portrait en pied de Louis XVI et l’on sait
1. Archives impériales de Vienne.
2. Archives impériales devienne.
3. Arneth et Geffroy, Marie-Antoinette, t. III, p. 303.