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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 5
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Di Giacomo, Salvatore: Bonne sforza à Naples, 2: étude sur les moeurs somptuaires italiennes au commencement du XVIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0427

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Elle y demeurera longtemps, et, à la mort de Sigismond, elle
reviendra dans le vieux Château Capouan, à Naples, où elle mourra,
en 1558, de fièvre maligne.

On ne lui pardonna pas, à Cracovie, son luxe tout italien de
toilettes, de bijoux, d’équipages ; on censura la collection d’objets
d’art qu’elle plaça dans son appartement, devenu, en quelque sorte,
un musée, et on feignit de mépriser les pièces d’orfèvrerie qui
ornaient sa chambre. Quand elle montra, en secret, à Ruggiero,
ambassadeur de Pie V, les trésors qu’elle avait accumulés, ce prélat
se déclara « ébloui ». Près de son lit, elle avait seize coffrets, de
« deux pans de longueur », où étaient enfermées une profusion d’é-
méraudes, de turquoises, d’améthystes, de rubis et de perles. Le
Pane g y rien, s nuptiarwn Sigismondi, par Jean-Thésée Nardeo, de Gala-
tina, ouvrage publié en 1538, décrit neuf admirables tapisseries,
placées dans la chambre à coucher, et tissues de soie et d’or, sur
des dessins qui rappelaient ceux que Raphaël Sanzio exécutait dans
les loges du Vatican. C’étaient probablement les « hautes lisses »
mentionnées dans l’inventaire de Passaro ; c’était évidemment un
travail italien, ce qui fait croire qu’il s’agit bien des tentures du
trousseau de Bonne. Eli bien ! on a assuré, en Pologne, que ces
tapisseries précieuses appartenaient à Sigismond, et que Bonne,
lorsqu’elle revint à Naples, n’avait pu les emporter qu’en commet-
tant un vol. Elle garda ses bijoux particuliers, et on déclara qu’elle
avait pris ceux de Sigismond.

Elle avait à gages un maître orfèvre, Jean-Jacques Caralio, un
sculpteur vénitien, un professeur d’équitation, le Napolitain Prospcr
Anaclerio, et ce fut un sujet d’ardentes censures. Les Polonais
réunirent dans la même haine des fondeurs français, occupés à
la fabrication des canons, et. un musicien hongrois qui jouait du
luth à la cour.

Sarnicio et les historiens napolitains no parlent aucunement des
trésors que Bonne aurait apportés de Cracovie à Naples. Sans doute,
lorsqu’au moment du départ de la reine on vit sortir plusieurs
chariots pesants, le bruit courut dans le peuple que la veuve de
Sigismond venait de dévaliser le palais des rois polonais.

s, DI GIACOMO
 
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